
La participation de la République démocratique du Congo (RDC) au Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (+4) a été marquée par une proposition audacieuse : utiliser des mécanismes tels que les « swaps » dette-nature ou dette-développement. L’objectif est de libérer des ressources financières cruciales pour des programmes agricoles résilients face au changement climatique. Cette initiative a été présentée par le ministre congolais de l’Agriculture et de la Sécurité sociale, Grégoire Mutshail Mutomb, le lundi 28 juillet.
« La suspension immédiate du service de la dette, suivie d’une renégociation à long terme, est jugée indispensable pour relancer l’économie. Il s’agit de réorganiser intelligemment en liant des engagements concrets en matière de sécurité alimentaire, de renforcer les infrastructures rurales et d’améliorer l’accès à l’eau, aux semences et autres outils importants pour nous mettre sur la voie de l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique », a déclaré le ministre Mutshail.
S’appuyant sur les acquis du Sommet sur les systèmes alimentaires 2021 (UNFSS) et de son premier bilan en 2023 (UNFSS+2), cet événement a permis aux participants de débattre des avancées mondiales en matière de transformation des systèmes alimentaires. L’accent a été mis sur le renforcement de la responsabilité et le déblocage des investissements nécessaires pour accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.
Dotée de ressources naturelles abondantes, la RDC, avec ses quatre-vingts millions d’hectares de terres arables, possède un atout considérable pour passer d’une agriculture de subsistance à un modèle productif, durable et adapté aux défis climatiques actuels. Cependant, une gestion rigoureuse est impérative.
« Chaque franc économisé grâce à une gestion efficace doit être réinvesti dans le bien-être de la population. Il est essentiel d’accroître les investissements, publics comme privés, dans les filières agricoles, halieutiques et pastorales. Il faut instaurer une gouvernance rigoureuse autour de ce secteur. La transparence et une bonne gestion des ressources publiques sont indispensables pour lutter contre la corruption des fonds affectés à cette fin. Tout ceci constitue la base d’une transformation durable », a précisé le ministre Mutshail.
Ce forum de haut niveau a rassemblé chefs d’État, ministres, diplomates, représentants onusiens et acteurs du secteur agricole dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes sur les chaînes alimentaires. Tous étaient présents pour défendre leurs stratégies de lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique.
Les dirigeants marocains, par exemple, ont plaidé pour la création d’un Fonds international dédié à la sécurité alimentaire en Afrique, un levier essentiel pour renforcer la souveraineté alimentaire du continent. Le Maroc a réaffirmé son engagement à soutenir les agricultures africaines vers plus de résilience, de durabilité et d’inclusion à travers des initiatives royales telles que l’Initiative de l’Adaptation de l’Agriculture Africaine.
« Le Maroc souhaite promouvoir une collaboration inclusive, fondée sur les droits et la responsabilité mutuelle, en mobilisant tous les acteurs, notamment les groupes marginalisés, pour accélérer la transformation des systèmes alimentaires vers des modèles durables, résilients et équitables », a déclaré le ministre marocain de l’Agriculture, Ahmed El Bouari.
Mandaté par le président Félix Antoine Tshisekedi, le ministre Grégoire Mutshail a dressé un tableau préoccupant de la situation nutritionnelle en RDC. Il a présenté plusieurs propositions pour surmonter les obstacles structurels freinant la transformation du secteur agroalimentaire congolais, tout en invitant ses homologues africains à tirer des enseignements des expériences des différents pays pour adapter les solutions aux réalités locales.
Albert MUANDA