« La conservation au prix de ma jeunesse » est un ouvrage poignant écrit par Emmanuel Bahati Lukoo, un jeune écogarde qui a évolué dans le Parc national des Virunga, aujourd’hui cadre au Parc national de Kahuzi-Biega. Cet éco-garde transfrontalier a partagé son expérience dans la protection des gorilles de montagne, espèces emblématiques de l’Est de la République Démocratique du Congo. Son récit met en lumière son parcours, son expertise en gestion des aires protégées et son engagement contre le braconnage, tout en révélant les sacrifices personnels qu’il a consentis pour une cause plus grande que lui.
« Je pense que la conservation peut profondément influencer l’avenir des jeunes générations, car elle touche à ce que nous avons de plus précieux. La conservation fait face à plusieurs défis, mais les plus grandes et les plus récurrentes que j’ai identifiées sont : la présence persistante des groupes armés, le chômage des jeunes, et l’influence politique négative qui affaiblit les efforts de protection de la nature », a déclaré Emmanuel Bahati Lukoo.
Dans ce livre, l’auteur souligne l’importance de la conservation pour les générations futures : « Protéger la nature, ce n’est pas seulement sauver des animaux ou des forêts, c’est aussi préserver notre avenir collectif ». Il considère que la conservation peut devenir une école de responsabilité pour les jeunes, leur apprenant à aimer leur pays et à respecter la vie sous toutes ses formes.
Les défis de la conservation et son impact sur les jeunes
Cet ouvrage de 93 pages ne se limite pas à un constat amer des dangers auxquels fait face la biodiversité et ceux qui la protègent. Il agit comme un appel inspirant à la jeunesse, les incitant à s’impliquer dans la protection du parc, la promotion de la paix et le développement personnel à travers des initiatives éducatives et sportives. Le projet présenté dans le livre cible spécifiquement les jeunes des environs du Parc National des Virunga, en utilisant le sport comme levier de changement.
« Il est important de noter que cette initiative protège déjà plusieurs jeunes contre le risque d’intégration dans les groupes armés et contre toute implication dans la destruction du parc. À travers ce programme, les jeunes développent leurs talents, retrouvent confiance en eux et nourrissent l’espoir de jouer un jour au plus haut niveau, tout en devenant des ambassadeurs de la conservation et de la paix », a-t-il ajouté.
Emmanuel Bahati Lukoo identifie plusieurs défis majeurs : la présence de groupes armés, le chômage des jeunes, et une influence politique néfaste. Ces défis concourent à la dégradation de l’environnement. Il insiste sur le fait que ces défis rendent la situation dramatique pour les jeunes, souvent poussés à rejoindre des groupes armés par manque d’alternatives. Selon lui, la conservation pourrait offrir une solution à cet engouement destructeur en intégrant des programmes d’emploi vert et de formation.
« Je pense que le développement économique et la protection de l’environnement ne doivent pas être opposés. Un jeune sans emploi ni perspective devient vulnérable à la pauvreté, à la manipulation et parfois à la criminalité environnementale comme le braconnage, la déforestation illégale ou le trafic d’espèces protégées. Il faut créer des initiatives qui allient emploi, formation et conservation : par exemple, des projets d’agriculture durable, d’écotourisme, ou des programmes sportifs et éducatifs dans les parcs ». A émis l’auteur.
Il a souligné que ces initiatives permettent aux jeunes de gagner leur vie tout en devenant acteurs de la protection de leur environnement. « Quand un jeune comprend que chaque arbre, chaque animal et chaque source d’eau a un rôle vital pour sa communauté et son futur, il voit la valeur de préserver ces ressources tout en développant ses compétences et son autonomie ».
Un appel à l’engagement
Emmanuel Bahati Lukoo n’est pas seul dans sa lutte. D’autres jeunes, comme l’artiste comédien Jonathan, utilisent l’humour pour sensibiliser les communautés à la conservation. Des histoires de jeunes comme Julien, qui a découvert une nouvelle image du parc grâce à des programmes sportifs, illustrent que la conservation est autant une mission écologique qu’humaine.
« Dans ses sketchs, Jonathan insiste souvent sur le message que l’éco garde n’est pas un ennemi de la Communauté, mais un partenaire dans la protection de notre patrimoine commun. Je pense aussi à Julien, un jeune originaire de la cité de Kiwanja, qui grâce au projet d’encadrement par le Football que nous avons mis en place autour du Parc National des Virunga, a pu aiguiser son talent de footballeur. Il a été repéré par une équipe locale, avec laquelle il joue aujourd’hui », a-t-il révélé.
La conservation n’est pas une tâche facile ; elle exige courage et résilience. Emmanuel Bahati Lukoo appelle la jeunesse à persévérer et à inspirer ceux qui les entourent. Sa conviction est claire : la conservation est une responsabilité partagée, essentielle pour protéger la planète et construire un avenir meilleur pour les générations futures. À travers son ouvrage et son engagement, Emmanuel Bahati Lukoo nous rappelle que la lutte pour la conservation est une lutte pour la vie, pour l’avenir de la planète et de ses habitants.
Albert MUANDA
