
Le Groupe d’Action pour sauver l’Homme et son Environnement (GASHE ONGD) a organisé, ce vendredi 12 décembre à Kinshasa, un atelier de plaidoyer national. L’événement a réuni les principaux acteurs de la chaîne de gouvernance forestière en République démocratique du Congo (RDC) dans le but d’identifier des solutions durables. L’objectif central de cette plateforme d’échange était de susciter un changement dans les pratiques qui sont à l’origine de la déforestation des forêts tropicales humides et des violations des droits humains liées à la gestion des ressources naturelles. Par cette initiative, le GASHE porte son plaidoyer directement auprès des autorités nationales.
Exploitation illégale et complicité des autorités

Les discussions ont rapidement mis en lumière la problématique de l’exploitation forestière illégale. Julien Mathe, coordonnateur du GASHE, a pointé du doigt les défis majeurs. « Il y a des sites où il y a des points forts et de défis. Là où il y a des défis, c’est là où il y a l’exploitation faite par les entreprises chinoises. Mais, on a l’impression que ce sont les autorités qui encouragent cela », a-t-il déploré.
Dans cette optique, les autorités nationales et provinciales sont accusées d’être à la base d’une situation chaotique. L’illustration la plus palpable est l’exploitation illégale perpétrée par la société chinoise KOKIBAFODE, qui se poursuit malgré le retrait de tous ses contrats et permis par la ministre de l’Environnement.
« On a fait des plaidoyers et il y a eu des décisions courageuses des autorités qui ont suspendu certains contrats. Malheureusement, ces entreprises continuent à exploiter. On se pose la question s’il n’y a pas de complicités au sein des administrations ? », s’est indigné Blaise Mudodosi, de l’ONG APEM.
Projet MCD : progrès et obstacles
Les différentes méthodologies du projet MCD (Moteurs commerciaux de déforestation) de l’ONG GASHE ont permis d’obtenir des résultats encourageants. Papy Otoka, chef du projet MCD, a cité l’approche basée sur le dialogue, qui a permis l’adhésion de certains exploitants forestiers et agroalimentaires.
« Certains concessionnaires ne signaient pas de contrats avec les travailleurs, mais actuellement il y a amélioration des choses. Certains ont signé des contrats. Il y a eu même un cas de conflit à Basankusu, mais à travers le dialogue le concessionnaire a pu abandonner cette forêt et préserver la paix sociale », a-t-il précisé.
Cependant, des obstacles subsistent. « L’expérience a montré que malgré la bonne foi de certains acteurs pour changer les pratiques sur terrain afin de préserver les forêts et éviter les violations des droits humains, ils se confrontent à certains obstacles qui nécessitent l’implication directe des autorités au niveau national », a révélé Papy Otoka.
L’administration face aux menaces
Pointées du doigt, les autorités administratives se disent au courant de la situation qui prévaut sur le terrain et promettent d’y apporter une solution, malgré la complexité des faits. Frederick Djengo Bosulu, directeur général en charge des forêts, a souligné un manque de collaboration.
« La grande difficulté que nous avons au niveau du ministère, et de l’administration c’est le manque de collaboration, non seulement à l’Équateur, mais à travers toute la République », a-t-il déclaré. Il a ajouté que les coordonnateurs provinciaux de l’environnement sont souvent menacés lorsqu’ils rédigent leurs rapports.
Ce projet, financé par la RFN (Rainforest Foundation Norway), vise à capitaliser sur les résultats déjà obtenus et à intensifier les stratégies afin de préserver les forêts tropicales de haute intégrité dans la province de l’Équateur.
« On a changé notre approche en essayant d’étendre ce genre d’échanges à plusieurs acteurs pour être sûrs que le message que l’on porte et le plaidoyer soient percutants et atteignent les cibles. On essaye aussi d’aller au-delà de ces acteurs pour en atteindre d’autres qui ne sont pas souvent impliqués mais qui ont de l’influence », a renseigné Benjamin Bisimwa, responsable du projet MCD à la RFN.
Le projet MCD court jusqu’en 2027. Dans sa dernière phase, ses animateurs entendent développer des nouvelles approches pour atteindre les objectifs. Par ailleurs, le projet n’exclut pas des méthodes plus dures, notamment l’action en justice, conformément à la constitution de la RDC, contre les autorités impliquées directement dans l’entretien de ce chaos.
Alfredo Prince NTUMBA










