L’Association Congolaise des Exploitants Forestiers Artisanaux (ACEFA) est déterminée à moderniser le secteur du bois d’œuvre artisanal en République Démocratique du Congo (RDC). Face aux limites des méthodes de gestion traditionnelles, souvent jugées inefficaces et peu fiables, l’ACEFA a lancé une série de consultations pour la création d’une plateforme numérique dédiée à la gestion durable des forêts. Ces consultations ont été organisées à Kinshasa avec l’administration forestière d’une part et la société civile et autres partie prenante, le 19 et le 22 décembre 2025.
Depuis sa création en 2002, l’ACEFA œuvre pour la formalisation du secteur. Cependant, comme le souligne son président, Jean Wabangawe, « Presque deux décennies, nous avons géré l’ACEFA avec des méthodes traditionnelles. Ces méthodes ont démontré leurs limites, car les défis persistent. Personne ne connaît le nombre d’exploitations, les lieux où ils exploitent, le volume exploité. Nous pensons qu’avec la numérisation, on peut essayer de relever ces défis. »
La mise en place de ce portail numérique représente une étape cruciale pour la RDC, pays forestier par excellence. Elle vise à répondre à plusieurs enjeux majeurs dont l’absence de bases de données fiables sur les opérateurs artisanaux, la difficulté de suivre les volumes exploités et les superficies attribuées, le manque de traçabilité des chaînes de valeur, et la faible visibilité des acteurs auprès des institutions et partenaires.
David Lokwa, de la direction générale des forêts, insiste sur le rôle de l’outil dans l’identification des acteurs : « La mise en place d’une plateforme numérique va nous aider à savoir qui fait quoi et où vient le bois. Si le système n’est bien organisé, nous décrions tous que ceux qui sont à la base sont des politiciens, avec cette plateforme on saura les identifier. » Il a également évoqué la volonté de créer des tribunaux spéciaux pour juger la criminalité forestière et environnementale.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi forestière, notamment la création d’unités forestières aménagées, afin de mieux délimiter l’exploitation et de réduire la déforestation.
Le projet a débuté par une phase préparatoire d’évaluation de la faisabilité, incluant l’actualisation du registre des membres, l’organisation d’ateliers de sensibilisation, et l’identification des besoins en informations en collaboration avec les partenaires.
Suite aux consultations, plusieurs recommandations ont été formulées pour la plateforme notamment, l’intégration de toutes les informations légales et des normes d’exploitation en vigueur en RDC, l’interopérabilité avec d’autres portails existantes, dont celui du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD-NEC).
Pour garantir un suivi rigoureux et une traçabilité sans faille, de nouvelles exigences seront introduites, telles que le marquage du bois, la photographie des souches et l’enregistrement de coordonnées géoréférencées. Ces mesures permettront d’obtenir les données essentielles pour une gestion véritablement durable.
Ce projet de numérisation, synonyme de rigueur accrue, positionne l’ACEFA comme un acteur clé dans la gestion durable des ressources forestières de la RDC. Il est mis en œuvre en partenariat technique avec l’Institut Européen de la Forêt (EFI) et bénéficie du soutien financier de la Coopération britannique, Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO), via le programme Forest Governance, Markets and Climate 2 (FGMC2).
Alfredo Prince NTUMBA
