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L’EIA alerte, « les exportations de grumes facilitent d’autres crimes forestiers »

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L’Environmental Investigation Agency (EIA) a sonné une fois de plus l’alerte sur les méfaits de l’exportation de bois grume de l’Afrique centrale vers les marchés internationaux. Selon cette organisation, les exportations de grumes facilitent d’autres crimes forestiers tels que le blanchiment d’espèces et la contrebande transfrontalière. Les résultats de cette investigation ont été partagés au cours d’une session parallèle organisée à Kinshasa, le 05 juin, en marge de la 20ème réunion du Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC).

Cette séance de travail a permis également le partage d’informations sur la mesure portant interdiction d’exporter les bois tropicaux sous forme de grumes par les pays membres de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et la République démocratique du Congo à l’horizon 2028. Il s’agit de la décision du 23 février 2024, N° 06/24-UEAC-225-CM-41 portant Interdiction d’Exporter les Bois Tropicaux sous forme de Grumes par les pays membres de la CEMAC et la République Démocratique du Congo.

« C’est une décision salutaire qu’il faut encourager. Parce qu’elle relève de bénéfices importants pour les pays, dans la transformation industrielle locale et le développement du tissu économique, bien évidemment pour la protection de l’environnement », a informé Benoit Ndameu, coordonnateur de l’EIA.

A en croire cet expert d’EIA, les principaux défis dans la mise en œuvre de cette décision sont liés à la gouvernance. En effet, les Etats doivent prendre des mesures courageuses pour pouvoir implémenter cette décision au niveau régionale.

« Il faut que les Etats se parlent et se mettent d’accord. Le cas du Gabon qui a anticipé cette mesure depuis 2011 est une bonne illustration que les autres Etats peuvent suivre en s’inspirant du modèle réussi du Gabon », a-t-il renchéri.

La mise en œuvre de cette décision reste un moyen clé pour l’amélioration de la gouvernance forestière dans la région. Non seulement que l’interdiction va accroître la mobilisation des ressources financières à travers la vaste chaîne des valeurs qui se développe autour de l’exploitation du bois. Elle contribuera également à la protection des forêts et des communautés qui en dépendent.

Au Gabon où cette décision a été anticipée, elle a permis d’enregistrer de retombées significatives, notamment l’industrialisation du secteur forestier, le développement de la chaîne des valeurs de bois d’œuvre, la création d’environ 17 000 emplois pour les jeunes, les femmes et autres vulnérables, la diversification de l’économie, et l’amélioration des recettes au profit du trésor public…

La République démocratique du Congo avait manifesté sa volonté de mettre fin à l’exportation de bois grume. Cette décision faisait partie de 10 mesures prioritaires du Ministère de l’Environnement et du développement durable. Cependant, cette mesure n’a pas été appliquée notamment à cause de contraintes d’ordre logistiques et autres, a expliqué Essylot Lubala, du RENOI (Réseau national des observateurs indépendants). 

« Par ailleurs, l’article 109 du code forestier de 2002 encourage déjà la promotion de la transformation locale de bois d’œuvre et instaure l’obligation des exploitants industriels d’exporter seulement 30 % de leur production annuelle sous forme des grumes sur base d’un quota. Cette disposition de la loi n’a jamais été respectée depuis la promulgation de la loi en 2002 », a précisé Essylot Lubala.

Les données statistiques publiées par l’EIA démontrent que le modèle des exploitants industriels de la RDC est tributaire des exportations de grumes. Et, qu’il y a risque que les exploitants industriels se livrent à la corruption et à la fraude pour soutenir ce modèle.

Il sied de signaler qu’entre 1990 et 2000, la période a été marquée par une augmentation des importations de grumes de l’Afrique par la Chine. De 2011 à 2022, il s’est dégagé une augmentation plus lente mais substantielle des importations de bois scié du bassin du Congo par ce même pays.

Alfredo Prince NTUMBA

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