
L’ONG Climate Change Africa Opportunities (CCAO) a procédé, le mercredi 22 octobre, à la présentation d’un catalogue des solutions fondées sur la nature (SFN) pour impulser la résilience urbaine. Cet outil de référence, développé par la Banque mondiale, vise à aider les villes à choisir les interventions les plus adaptées à leur contexte géographique face à divers phénomènes naturels.
Le Professeur Mbalassa, chercheur principal ayant conduit la recherche-action participative sur les SFN en République Démocratique du Congo (RDC), a dévoilé les résultats d’un travail de terrain mené à Kinshasa et dans le Kwilu, notamment à Masamuna et Kikwit En collaboration avec l’université Loyola du Congo. Son équipe a identifié 14 pratiques locales concrètes pour lutter naturellement contre les inondations et les érosions.
« Parmi les exemples phares, nous avons la technique du sable végétalisé combiné au vétiver, appliquée à Kimwenza dans le cadre du projet Kin Elenda, soutenu par la Banque mondiale. Ces « gabions végétalisés » stabilisent les pentes et réduisent l’érosion. La réutilisation des pneus usagés végétalisés pour consolider les berges et lutter contre les glissements de terrain à Matadi Kibala et Matadi Mayo est une innovation 100 % communautaire. Les bassins de rétention d’eau créés à Mont-Ngafula limitent les inondations tout en rechargeant les nappes phréatiques. Ces initiatives prouvent que les solutions fondées sur la nature ne sont pas des concepts importés, mais des pratiques enracinées dans les savoirs locaux », a déclaré ce scientifique.
En effet, les observations de CCAO ont porté sur les communes de Mont-Ngafula, Limete et Maluku, où dix solutions ont été répertoriées, contre une à Masamuna et trois à Kikwit. Ces initiatives communautaires, souvent nées de la débrouille et du génie local, illustrent l’ingéniosité congolaise face aux risques climatiques. Le Professeur Raphaël Tshimanga, spécialiste en Hydrologie à l’Université de Kinshasa, a appelé l’État congolais à hiérarchiser les pratiques de gestion de l’eau en cas de pluie. Selon lui, cette perception de l’inondation représente une opportunité pour rentabiliser les services de ressources en eau dans le pays.
« L’inondation, qui dit un excès d’eau, dit quelque chose que nous pouvons conserver, garder quelque part et utiliser en temps de pénurie, en temps de besoin. C’est ça même ce qu’on appelle la gestion intégrée de l’eau. Nous pouvons créer des conditions, des bassins de rétention, stabilisés par exemple par les bambous. Au bout d’un moment, nous pouvons stocker le plus d’eau, par exemple dans le contexte du plateau des Batéké. Et cette eau stockée peut servir à faire de l’irrigation, à entretenir les bétails, à pouvoir servir de besoin domestique, etc.», a-t-il suggéré.
Cet atelier a également permis d’améliorer le rapport national revisité par des experts scientifiques, autorités, chercheurs et représentants de la société civile venus de Kikwit et Kinshasa. En RDC, les SFN s’appliquent à la gestion intégrée des sols, de l’eau et des terres, offrant de multiples bénéfices tels que la réduction des aléas climatiques et la création d’emplois verts.
Le coordonnateur Afrique de CCAO, Trésor BADISUNGU, a souligné que les 14 solutions validées ne représentent qu’un échantillon des initiatives existantes dans le pays. L’organisation s’engage à accompagner les populations dans la mise en œuvre concrète de ces approches.
« Attendre de grands financements pour construire des ouvrages de protection prend des années. Pendant ce temps, les populations doivent continuer à vivre. Nous allons revenir dans le plus bref délai pour commencer à travailler sur les mécanismes d’appropriation au niveau local et éventuellement passer à une deuxième étape de pouvoir accompagner les communautés locales à implémenter ce type d’approche au niveau de la RDC », a-t-il ajouté.
À l’issue des échanges, les 14 pratiques ont été validées collectivement, avec des recommandations pour leur mise en œuvre future. Le consortium dirigé par le GCA met l’accent sur la promotion de pratiques durables de gestion des sols, de l’eau et des terres, restauratrices d’écosystèmes tout en protégeant les populations des effets des changements climatiques.
Serge NGALAMULUME










