
La Semaine de l’Énergie, événement majeur du secteur, a débuté ce 24 juin 2025 à Kinshasa pour trois jours de discussions approfondies. Les acteurs clés de l’énergie en République Démocratique du Congo se sont réunis pour dynamiser les efforts collectifs face aux défis et perspectives du secteur. Parmi les participants, Bboxx-RDC, un fournisseur de solutions d’énergie solaire, a saisi cette occasion pour plaider en faveur de l’exonération des équipements des opérateurs du secteur, dans le but de réduire la pression fiscale.
Malgré un potentiel énergétique considérable (biomasse, éolienne, solaire, biogaz, biocarburant, et le mégaprojet Inga avec ses 39 000 MW potentiels), la RDC affiche un taux d’électrification parmi les plus faibles au monde. Moins de 10% de la population congolaise a accès à l’électricité, ce taux atteignant 35% en zones urbaines (50% à Kinshasa) mais chutant à moins de 1% en zones rurales. C’est dans ce contexte que Mike Kalala, Directeur Général de Bboxx-RDC, a formulé une recommandation forte lors de l’ouverture des travaux.
« Les objectifs du gouvernement étant d’améliorer le taux de desserte en électricité, je reste convaincu qu’il considérera l’exonération des équipements des opérateurs du secteur de l’énergie pour alléger la pression fiscale. Il est impératif que le gouvernement promeuve un système de subventions afin de rendre l’accès à l’électricité possible pour les populations marginalisées. Les défis sont immenses. D’autres pays, comme la Zambie, ont déjà exempté ces équipements pour faciliter l’investissement des opérateurs économiques. Au regard des ambitions gouvernementales, une attention particulière doit être portée sur les opérateurs afin de réduire la charge fiscale que nous subissons », a-t-il déclaré.
L’excès de taxes en RDC constitue un frein majeur à la croissance économique, décourageant de nombreux investisseurs et entraînant un manque à gagner significatif. La question se pose alors : comment réduire les taxes face à la prédominance du secteur informel, l’évasion fiscale et la corruption, qui affaiblissent la mobilisation des recettes fiscales et des ressources internes ? Un défi colossal pour un gouvernement également confronté à une croissance démographique exponentielle, avec des conséquences graves sur le bien-être des citoyens.
Entre intention et action, la semaine de l’énergie est une opportunité pour des actions concrètes ?
« Mon impression est que nous sommes dans une série de bonnes intentions. Je constate que tous les opérateurs, qu’ils soient dans le secteur hydroélectrique ou dans notre secteur décentralisé, rencontrent les mêmes problèmes. Le secteur de l’énergie en RDC est en souffrance. Si nous opérions selon un plan directeur, nous saurions quelles actions concrètes entreprendre dès maintenant pour restructurer les échanges durant ces travaux. Nous sommes très intéressés par ce type d’échanges, mais aussi quelque peu préoccupés. Nous fonctionnons beaucoup plus selon le système en réseau, qui est classique. Cependant, nous souhaiterions évoluer vers un système de suivi (monitoring) pour établir des statistiques plus pertinentes », a ajouté le DG de Bboxx-RDC.
Au cours de ces assises, le Dr Sandrine Mubenga Ngalula, Directrice Générale de l’Autorité de Régulation du secteur de l’Électricité (ARE) et hôte de l’événement, a présenté le rapport d’activités de l’année 2024. « L’ARE a eu un impact positif sur le secteur de l’électricité en RDC grâce à son personnel qualifié. Pour la basse tension, le nombre total de clients desservis a augmenté de 38,9% au 31 décembre 2024 par rapport à 2020 », a-t-elle souligné, invitant tous les opérateurs présents à collaborer pour accroître davantage le taux d’électrification en RDC. Une démarche qui s’avère lente en RDC, particulièrement sur le plan législatif.
« Le régime fiscal est complexe. La nouvelle loi révisée ne fait aucune mention du régime fiscal. Ainsi, nous ne sommes pas protégés. De plus, l’État devrait revoir ses dettes envers les entreprises pour assurer leur bon fonctionnement. C’est un plaidoyer que nous portons aujourd’hui auprès de l’ARE. Chaque année, 44 milliards de dollars américains sont dépensés pour la destruction des forêts en raison du manque d’électricité. Pourtant, avec un peu d’ingénierie, nous pourrions capter l’argent que la population dépense quotidiennement pour l’achat de charbon », a martelé Fabrice Lusinde wa Kabemba, Directeur Général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL).
Ce constat, venant d’un acteur majeur comme la SNEL, pourrait décourager les plus petits opérateurs. Néanmoins, chez les plus tenaces, une lueur d’espoir subsiste même dans les situations les plus complexes. « Dans son discours, le DG Lusinde a évoqué les problèmes rencontrés par la SNEL. C’est un opérateur majeur avec d’importants investissements, ce qui est désespérant et inquiétant pour nous, les plus petits. Mais je reste confiant que le Gouvernement examinera favorablement cette question », a conclu Mike Kalala.
Sarah MANGAZA