
Ce mardi 12 août marque une étape significative au Ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de l’Économie du Climat à Kinshasa, avec le passage de témoins entre la ministre d’État sortante, Ève Bazaiba, et la nouvelle ministre, Marie Nyange. Dans une ambiance empreinte de solennité et d’espoir, l’échange des parapheurs entre les deux personnalités symbolisera non pas une rupture, mais une volonté de continuité des affaires de l’État dans un secteur aussi crucial que l’environnement. Il incombera à Marie Nyange de s’inspirer de la dynamique insufflée par sa prédécesseure, de poursuivre les efforts entrepris et de maintenir le flambeau de la diplomatie environnementale congolaise.
Ève Bazaiba, par son franc-parler, son courage et sa stratégie, a su s’imposer comme une figure incontournable de la diplomatie environnementale de la RDC sur la scène internationale. Son mandat a été marqué par une détermination sans faille à faire entendre la voix du pays dans les débats mondiaux sur le climat et la préservation de la biodiversité.
Selon Joseph Malasi, son conseiller Climat, « lors de son entrée dans le gouvernement Sama Lukonde Kyenge, Bazaiba avait reçu des instructions claires du chef de l’État pour reconquérir le leadership environnemental de la RDC sur l’échiquier international ». Une mission qu’elle a menée avec succès, consolidant la position du pays en tant qu’acteur clé dans la lutte contre le changement climatique et la promotion du développement durable.
Marie Nyange hérite donc d’un portefeuille stratégique et d’un héritage de poids. Les enjeux sont immenses : protection des écosystèmes forestiers de la République démocratique du Congo, promotion d’une économie verte, adaptation aux effets du changement climatique, et renforcement de la participation de la RDC aux négociations climatiques internationales, etc.
La communauté nationale et internationale attend de la nouvelle ministre qu’elle prolonge l’engagement de la RDC en faveur de la protection de l’environnement, en consolidant les acquis et en explorant de nouvelles opportunité d’un développement véritablement durable et respectueux du climat. Le défi est de taille, mais l’espoir est permis pour que Marie Nyange marche résolument sur les pas de Bazaiba, assurant ainsi la pérennité de l’action de la RDC en matière environnementale.
L’engagement de Bazaiba a culminé avec un moment historique : son veto retentissant lors de la COP16 sur la biodiversité à Montréal en 2022. Cette action audacieuse a contraint les négociations à une pause forcée, jusqu’à ce que la demande de la RDC, exigeant la création d’un fonds entièrement dédié à la biodiversité, soit pleinement intégrée au document-cadre mondial sur la biodiversité. Une victoire concrétisée lors de la COP17 à Cali, où ce fonds a finalement vu le jour.
Dans un monde où les nations en développement ont souvent du mal à faire entendre leur voix, Eve Bazaiba a brisé les barrières de l’inaudibilité. Grâce à sa détermination inébranlable et à ses convictions profondes, la RDC est aujourd’hui une voix qui compte dans les négociations environnementales mondiales. Cette reconnaissance est un crédit indéniable à la MinEtat, dont le caractère tranchant et le militantisme affirmé l’ont positionnée comme une figure de proue de la décolonisation environnementale.
Dans un élan de dynamisme économique et environnemental, la République Démocratique du Congo (RDC) se positionne comme un acteur incontournable sur le marché mondial du carbone. Cette avancée significative est largement attribuée à l’initiative d’Ève Bazaiba, qui a œuvré pour la création de l’Autorité de Régulation des Marchés Carbone (ARMCA). Cette nouvelle institution, dotée d’une structure solide et d’une vision claire, confère à la RDC un avantage stratégique dans la mobilisation de fonds liés à la finance carbone.
L’établissement de l’ARMCA place la RDC en pole position pour devenir un hub majeur de cette nouvelle économie verte. En effet, la régulation des marchés carbone est essentielle pour assurer la transparence, la crédibilité et l’attractivité des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre sur le territoire congolais. Grâce à l’ARMCA, la RDC pourra non seulement attirer des investissements étrangers, mais aussi développer des mécanismes financiers innovants pour soutenir ses propres initiatives de conservation des forêts, de promotion des énergies renouvelables et de développement durable.
La RDC, forte de son immense bassin forestier et de son potentiel en ressources naturelles, est intrinsèquement liée à la problématique du changement climatique. En se dotant d’un cadre réglementaire robuste pour le marché du carbone, le pays démontre sa volonté de monétiser ses efforts de protection environnementale et de les transformer en opportunités économiques. Cette démarche est d’autant plus pertinente que le marché du carbone est en pleine expansion, offrant des perspectives considérables pour les pays en développement.
La ministre entrante aura pour tâche de s’emparer de ces instruments déjà en place et de poursuivre les démarches entreprises. Il s’agira notamment de renforcer les capacités de l’ARMCA, de promouvoir la RDC sur la scène internationale comme une destination privilégiée pour les investissements carbone, et de s’assurer que les bénéfices de cette économie profitent directement aux communautés locales et contribuent au développement socio-économique du pays. L’avenir de la RDC en tant que plaque tournante du marché carbone mondial dépendra de la capacité de ses dirigeants à capitaliser sur ces acquis et à accélérer la mise en œuvre de politiques ambitieuses en faveur de la finance climatique.
L’héritage d’Eve Bazaiba est immense. Elle a non seulement démontré la capacité de la RDC à influencer les décisions environnementales mondiales, mais elle a également ouvert la voie à une participation plus active et plus équitable des pays du Sud dans ces discussions cruciales. Alors que la RDC se tourne vers l’avenir avec un nouveau leadership environnemental, la tâche de Nyange sera de bâtir sur ces fondations solides, de consolider les acquis et de continuer à promouvoir une diplomatie environnementale audacieuse et exigeante, à l’image de celle menée par sa prédécesseure. Le défi est de maintenir le cap de la décolonisation environnementale et de garantir que les intérêts de la RDC et du continent africain restent au cœur des débats mondiaux.
Bon vent à Marie Nyange, bon vent à Eve Bazaiba !
Alfredo Prince NTUMBA