
La République Démocratique du Congo (RDC), riche de son immense biodiversité et signataire du Cadre mondial de Kunming-Montréal, innove en matière de conservation. Elle a lancé et fait monter en puissance le projet pilote « Crédit Bonobo », un mécanisme novateur qui allie la préservation de la biodiversité au développement communautaire. Ce projet a été présenté à Belém, lors de la CoP30.
Le « Crédit Bonobo » vise à transformer les communautés locales, souvent perçues comme une menace pour la faune, en de véritables « gardiens de la biodiversité ».
Selon Valentin Omasombo, coordonnateur de ce projet lancé en 2021 par l’Antwerp Zoo Foundation (AZF), « l’initiative est née d’un double constat. Face aux menaces croissantes qui pèsent sur sa mégafaune emblématique (notamment le bonobo et l’okapi), la RDC est mûe par la conviction que la biodiversité doit générer des revenus directs pour les populations qui la côtoient », a-t-il précisé.
Malgré les questions méthodologiques et opérationnelles qu’un tel modèle soulève, son succès initial a conduit à une ambition de mise à l’échelle. Le coordonnateur a renseigné qu’une table ronde nationale a été organisée sous l’égide du Président de la République. Ce dernier envisage l’extension de l’initiative à d’autres espèces emblématiques (comme le Gorille et l’Okapi) et sa généralisation à l’échelle nationale ou régionale.
Après le succès de cette table ronde en juillet 2025, l’initiative a été portée au niveau mondial lors de la CoP30 à travers un side event intitulé : « Crédit Biodiversité : paiement direct aux communautés locales, gardiennes de la mégafaune emblématique… ».

La présentation a été accueillie avec un vif intérêt par la communauté internationale, suscitant la volonté de prendre en compte le financement de ce modèle en RDC. Cette reconnaissance confirme le respect par le pays des engagements du Cadre mondial de Kunming-Montréal et son ambition de mobiliser des fonds en lien avec la cible 19.
« Le Crédit Bonobo s’affirme ainsi comme un mécanisme de financement innovant au service de la conservation et des communautés locales. Une appropriation communautaire garante de la durabilité », a déclaré professeur Omasombo.
Le « Crédit Bonobo » en action
Lancé en 2021 par l’Antwerp Zoo Foundation (AZF) sous le nom de « Projet de Cohabitation Homme–Bonobo », ce dispositif a vu le jour dans la localité de Lisoko, située en périphérie de la Réserve de Faune de Lomako-Yokokala, dans la Province de la Tshuapa, ce mécanisme repose sur le Paiement pour Services Environnementaux (PSE), qui attribue une valeur monétaire au bonobo (Pan paniscus) et à son habitat.
La mise en œuvre du projet repose sur une démarche participative rigoureuse, assurant l’adhésion et la gouvernance locale. Cette démarche commence un Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP), suivi de la Cartographie participative du terroir. Vient ensuite la structuration du Comité Local de Développement (CLD), formé à la gestion des ressources naturelles, l’élaboration du Plan Simple d’Aménagement du Terroir (PSAT) et du Plan Simple de Gestion des Ressources Naturelles (PSGRN), dont les règles d’utilisation sont établies directement par la communauté.
« Cette approche a déjà suscité un intérêt croissant auprès des villages voisins, désireux d’adhérer au processus, témoignant de l’efficacité de l’appropriation locale », a conclu Monsieur Omasombo.
Alfredo Prince NTUMBA










