Actualités - agriculture

La généralisation du SMIG menace l’agro-industrie congolaise d’asphyxie

Featured Image

Le secteur de l’agro-industrie en République Démocratique du Congo pourrait subir une perte massive d’emplois, allant jusqu’à 60%, si le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est généralisé à l’ensemble du pays. Cette alerte a été lancée le samedi 26 juin 2025 à Kinshasa par « Toile d’araignée », un réseau de journalistes économiques d’investigation et de promotion citoyenne.

Gérôme Sekana, coordonnateur de ce réseau, a exprimé ses préoccupations : « L’application du décret fixant le SMIG à 14 500 francs congolais par jour dès mai 2025, et à 21 500 francs congolais dès janvier 2026, bien qu’animée par une volonté légitime de justice sociale, représente une charge supplémentaire d’une telle ampleur qu’elle pourrait entraîner des licenciements massifs et des renonciations aux charges sociales. »

L’analyse du contexte du secteur agro-industriel révèle que les entreprises privées suppléent souvent l’État congolais en construisant des hôpitaux, des écoles et d’autres infrastructures de base pour leurs travailleurs, en facilitant l’accès gratuit à l’eau et à l’électricité, et en assumant de nombreuses autres responsabilités sociétales pour le bien-être de leurs employés. De ce fait, la charge cumulée est déjà supérieure au SMIG.

Selon le coordonnateur de « Toile d’araignée », sur plus de 3 000 entreprises formelles affiliées à la FEC (Fédération des entreprises du Congo), seules 388 opèrent dans les domaines de l’agro-industrie, de l’agro-pastorale et de la foresterie. Ces entreprises emploient directement plus de 38 000 travailleurs. Une telle pression soudaine pourrait conduire à la fermeture de plusieurs unités de production, en particulier les petites et moyennes entreprises.

Face à cette menace, Gérôme Sekana a plaidé : « Il est urgent d’instaurer un SMAG (Salaire Minimum Agricole) national spécifique, encadré et négocié, couplé à une politique de soutien public au secteur agricole si l’on veut éviter un effondrement brutal de nos économies rurales. »

La République Démocratique du Congo, avec son potentiel agricole estimé à 120 millions d’hectares de terres arables et irrigables dont seulement 10% sont exploitées, dépense chaque année plus de 3,5 milliards de dollars américains pour importer des produits alimentaires qu’elle est pourtant capable de produire.

L’application généralisée du SMIG pourrait avoir des conséquences néfastes sur le tissu économique rural, entraîner la disparition des programmes sociaux portés par les agro-industriels, favoriser l’ouverture des frontières aux importations illégales et provoquer des tensions sociales.

Pour faire face à cette situation, le réseau « Toile d’araignée » recommande au gouvernement congolais d’instaurer un dialogue permanent et efficace avec les producteurs agricoles locaux. L’État doit également mettre en œuvre une nouvelle politique agricole qui intègre le paysannat, l’agro-pastorale et l’agro-industrie. Enfin, il est suggéré d’intégrer au salaire brut de chaque travailleur toutes les charges sociales prises en charge par l’employeur, les comptabilisant comme des avantages acquis faisant partie du même salaire.

Alfredo Prince NTUMBA

they put their trust in us

AFDAFDGIZHirondelleSNELWWF