
Depuis plus de deux ans, une initiative de formation innovante se développe à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. Le programme Mbongwana, financé par l’ONG internationale Olof Palm Center, vise à mobiliser les jeunes des quartiers Commercial (Lemba), Assosa (Kasa-Vubu) et Musey (Ngaliema) dans la lutte contre la pollution plastique. En plus de sessions sur la fabrication de pavés écologiques et de Makala Bio, le programme sensibilise les participants à la gestion responsable des déchets. Une nouvelle session de trois jours, axée sur la création de pots de fleurs à partir de matériaux recyclés, a débuté ce lundi 4 août.
Patience Manzambi, la formatrice, insiste sur l’importance de reconnecter les habitants avec la nature : « On sait aujourd’hui que la population, surtout kinoise, a perdu un peu le goût de planter des arbres et des fleurs. Il est essentiel que chaque ménage ait au moins un arbre, car le plastique reste un danger permanent pour notre environnement. Notre motivation est de voir un environnement propre et sain, notamment à travers un programme de plantation d’arbres ou de conservation. Chaque ménage doit au moins retrouver un arbre ou une flore qui peut générer de l’oxygène. »
Dans un contexte de crise environnementale, le projet MBONGWANA, piloté par le média thématique Environews-RDC, s’inscrit dans une démarche durable. En utilisant des déchets plastiques, les jeunes apprennent à réduire l’impact environnemental de leur milieu de vie tout en créant des objets esthétiques et utiles.
Péniel Egbulu Imaombay, une participante, témoigne de sa motivation : « J’ai toujours voulu faire quelque chose pour mon environnement. Apprendre à transformer des déchets en quelque chose de beau est très gratifiant, c’est ce qui m’a poussé à participer à cette formation. Je suis également venue apprendre pour renforcer ma capacité vu l’ampleur que le plastique a pour l’instant dans le marché ou bien dans le monde. Ce sont des pots de fleurs écologiques qui se révèlent être aussi rentables. Nous sommes face à un business qui peut nous aider à devenir indépendant en regroupant nos propres fonds de fonctionnement en tant que structure. »
Les mécanismes pour éradiquer les déchets plastiques ne manquent pas à Kinshasa. L’approche communicative de ces sessions ouvre la voie à la formation d’une nouvelle génération de jeunes engagés dans la protection de l’environnement et l’entrepreneuriat vert. Selon la formatrice, même avec un simple pot de fleurs, chacun peut contribuer à la lutte contre la présence nuisible des plastiques.
Patience Manzambi, directrice générale de l’entreprise Anplarec et formatrice, ajoute : « Aujourd’hui on peut circuler 10 maisons, il n’y a pas d’espace. Les gens vivent dans des balcons, les gens vivent dans des maisons en étage, d’office, il n’y a plus d’espace de terre pour planter. Ramener des pots de fleurs, faits à base de bouteilles qu’on a eu à consommer, est une sensibilisation de taille sur la lutte contre la pollution par les plastiques. Posons des petits gestes mais responsables, sensibilisons nos voisins à recycler ou à acheter des objets recyclés comme sa contribution dans cette lutte. C’est un système qui donne une seconde vie. Il est écologique bénéfique pour l’homme. »
L’approche de la formation se concentre non seulement sur l’artisanat, mais vise également à renforcer l’employabilité des jeunes. Les participants aspirent à créer leurs propres micro-entreprises, contribuant ainsi à l’économie locale et à la lutte contre le chômage. Djodjo Mbusa, membre du quartier Commercial de Lemba, évoque l’importance de cette initiative :
« La transformation que nous faisons est une porte d’emploi pour nous et d’autres jeunes. Nous sommes convaincus que cela peut nous aider à baisser le taux de chômage de la jeunesse et à occuper autrement les différents jeunes de la ville de Kinshasa pourquoi pas à créer nos propres entreprises. Le conseil que je pouvais donner est qu’en tant que jeune évitons de négliger les déchets que nous voyons car nous manquons la possibilité d’emploi et de revenus. Mais plutôt lançons nous dans la valorisation de ses déchets pour leur donner une seconde valeur tout en gagnant quelque chose de ses activités au quotidien. »
Kinshasa, loin d’être uniquement une ville polluée, devient un terreau d’idées novatrices. Ce projet illustre comment la créativité peut embellir les espaces urbains tout en offrant une seconde vie aux déchets. Cette initiative représente un exemple inspirant de ce que la jeunesse peut accomplir lorsqu’elle dispose des compétences et des ressources nécessaires, alliant créativité, écologie et entrepreneuriat.
Albert MUANDA