
L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel urgent à une action coordonnée pour garantir un accès rapide aux soins médicaux, y compris la disponibilité des vaccins, l’accès à l’eau potable, et des investissements dans l’assainissement pour combattre l’épidémie de choléra en République Démocratique du Congo. Lors d’un point de presse ce mercredi 22 octobre, l’organisation a signalé que plus de 1 700 décès avaient été enregistrés de janvier à mi-octobre, avec un taux de létalité dépassant 3,0 %.
« La situation continue à se détériorer, s’étendant à de nouvelles zones de santé, y compris des provinces jusqu’alors non touchées par le choléra. La propagation rapide de l’épidémie cette année nous inquiète particulièrement, surtout avec l’arrivée de la saison des pluies. Nous redoutons de nouvelles flambées si des mesures urgentes ne sont pas mises en place. L’insécurité persistante, notamment les affrontements entre groupes armés, complique les déplacements et retarde la livraison de l’aide », a alerté le Dr Jean-Gilbert Ndong, coordonnateur médical de MSF en RDC.
Selon MSF, les équipes médicales restent mobilisées dans les zones les plus affectées, comme Fizi (Sud-Kivu) et Konga Konga dans la province de la Tshopo. Depuis janvier, elles ont réalisé 16 interventions d’urgence en soutien au ministère de la Santé, soignant plus de 35 800 patients et vaccinant plus de 22 000 personnes.
La situation est particulièrement préoccupante dans l’Est du pays. La fermeture des aéroports de Bukavu et Goma depuis plusieurs mois entrave l’acheminement des fournitures vers les localités isolées. MSF a noté que la présence des partenaires humanitaires est limitée, et peu se sont engagés spécifiquement contre la maladie.
« Dans toutes nos interventions, nous constatons que les infrastructures existantes ne sont pas adaptées pour faire face au choléra, et il y a un manque d’intrants médicaux et de vaccins. En collaboration avec le personnel local du ministère de la Santé, nous tentons de contenir la maladie. Cependant, l’ampleur de la crise exige une mobilisation urgente de tous les partenaires, même dans les zones reculées. Le gouvernement congolais et les acteurs humanitaires doivent renforcer les moyens financiers et médicaux, notamment pour la distribution et l’acheminement des vaccins », a plaidé Ton Berg, cheffe des programmes de MSF au Sud-Kivu.
Les inondations, les conflits, les déplacements de population, et une insuffisance des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau contribuent à alimenter d’importantes flambées. À l’approche de la saison des pluies, la situation pourrait se détériorer, augmentant les risques de transmission. MSF soutient le ministère de la Santé dans la prise en charge médicale dans des centres de traitement spécialisés, la formation d’agents de santé communautaire, et la mise en place de points de chloration.
« À ce stade critique, seule une mobilisation générale permettra de contenir la maladie et de freiner l’expansion alarmante des foyers épidémiques. Le choléra est une infection bactérienne hautement contagieuse, traitable et évitable, mais sa propagation est facilitée par de mauvaises conditions d’hygiène et un accès limité à l’eau potable. Cela représente un défi majeur dans les zones densément peuplées, notamment à Kinshasa et dans les zones rurales avec une forte concentration de personnes déplacées internes », a précisé le Dr Ndong.
En RDC, les efforts de riposte se heurtent à des obstacles majeurs, tels qu’un financement insuffisant, une présence limitée d’acteurs humanitaires, et un manque de coordination dans les interventions d’urgence. Vingt-six provinces sont désormais touchées par cette épidémie.
« Le pays a enregistré plus de 58 000 cas suspects en neuf mois. La faiblesse des systèmes de surveillance et d’identification des cas, ainsi que la distribution limitée de vaccins, compromettent la mise en œuvre d’une réponse rapide, efficace et durable », ont déclaré les Médecins Sans Frontières.
Signalons que depuis janvier 2025, MSF a intensifié sa riposte contre le choléra dans plusieurs provinces, dont le Nord et Sud-Kivu, le Maniema, le Sankuru, la Tshopo, l’Équateur, Kinshasa, le Mai-Ndombe, le Haut-Katanga et le Tanganyika.
Albert MUANDA