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Une étude révèle la vulnérabilité inquiétante des cultures vivrières au Congo et l’urgence d’agir

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Une nouvelle étude conduite dans les départements de la Likouala, de la Sangha et de la Bouenza met en lumière une réalité préoccupante : le changement climatique menace de manière directe les cultures vivrières stratégiques du Congo, compromettant la sécurité alimentaire de milliers de ménages ruraux. Commanditée dans le cadre du projet « Renforcement des capacités d’adaptation aux changements climatiques des communautés vulnérables vivant dans le bassin du Fleuve Congo », cette analyse dresse un diagnostic sans détour sur l’impact des perturbations climatiques sur les moyens de subsistance des populations locales

Des cultures essentielles sous pression

Manioc, banane plantain, arachide, maïs ou encore haricot : ces cultures, qui constituent l’ossature de l’alimentation congolaise, subissent de plein fouet l’irrégularité des pluies, l’augmentation des températures, la multiplication des sécheresses et la fréquence croissante des inondations.
Dans la Likouala et la Sangha, les saisons pluvieuses deviennent moins prévisibles ; dans la Bouenza, véritable grenier agricole du pays, les sécheresses prolongées fragilisent des sols déjà surexploités et érodés.

Les rendements, eux, montrent une tendance à la baisse entre 2015 et 2025 pour plusieurs cultures, notamment le maïs et l’arachide, très sensibles aux variations hydriques. Les inondations répétées dans les zones forestières détruisent également des plantations entières, particulièrement celles de manioc et de banane

Des communautés rurales de plus en plus vulnérables

Les auteurs de l’étude soulignent que la vulnérabilité agricole est accentuée par des facteurs socio-économiques : accès limité aux intrants, enclavement de nombreuses localités, perte progressive des pratiques traditionnelles chez les jeunes, et faible encadrement agricole.
Les populations autochtones, en particulier dans les zones forestières, restent en première ligne face à ces dérèglements climatiques, avec des moyens d’adaptation très restreints.

Savoirs endogènes : un trésor sous-estimé

L’enquête met pourtant en évidence un gisement riche de connaissances traditionnelles : techniques de culture sur buttes pour réduire les pertes liées aux inondations, observations des signes naturels pour déterminer les périodes de semis, utilisation de plantes locales comme répulsifs naturels, systèmes de jachère tournante, conservation traditionnelle des semences, etc.
Ces savoirs, transmis de génération en génération, jouent un rôle crucial dans l’adaptation, mais restent insuffisamment valorisés par les politiques agricoles actuelles

Résilience agricole : des marges de manœuvre existent

Le rapport identifie plusieurs leviers pour renforcer la sécurité alimentaire :

  • Introduire des variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies ;
  • Développer des systèmes d’irrigation à petite échelle, particulièrement en Bouenza ;
  • Former les communautés aux pratiques d’agriculture résiliente, en s’appuyant sur les savoirs endogènes ;
  • Mettre en place des systèmes d’alerte précoce pour les inondations et les anomalies climatiques
  • Structurer des chaînes de valeur locales pour valoriser les produits agricoles résilients.

Ces recommandations, si elles sont mises en œuvre, pourraient transformer durablement les moyens de subsistance ruraux.

Un appel à l’action concertée

Au-delà du constat, l’étude sonne comme un avertissement : sans actions rapides, coordonnées et durables, les perturbations climatiques pourraient compromettre la capacité du Congo à nourrir ses populations dans les années à venir.
Les experts insistent sur la nécessité d’articuler innovations scientifiques, politiques publiques ciblées et savoirs traditionnels, tout en impliquant les communautés dans la gouvernance des solutions d’adaptation.

Le changement climatique n’est plus une menace future : il redessine déjà les paysages agricoles du pays. Et c’est aujourd’hui que se joue la résilience de demain.

La Rédaction

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