
Le Tropical Forest Forever Facility (TFFF) est un mécanisme conçu pour faciliter l’accès direct aux financements pour les communautés locales et les peuples autochtones. Cette initiative vise à mobiliser d’ici à la COP 30, 125 milliards de dollars américains dont 100 milliards de dollars pourraient provenir du secteur privé, et 25 milliards de la philanthropie et aussi d’autres ressources de financement. Cet instrument a été présenté lors du premier congrès des peuples autochtones des bassins forestiers à Brazzaville. Au cours de ces assises, chaque zone géographique a présenté ses attentes quant à l’aboutissement de ce fonds. Le TFFF sera officiellement lancé à la COP 30 à Belém.
Quelle est la perception de ce mécanisme par les africains ? De manière globale, tous sont d’accord que ce mécanisme initié par le Brésil présente des opportunités pour des financements innovants des forêts du bassin du Congo.
Attentes de l’Afrique et du Bassin du Congo
« Les atteintes de l’Afrique, c’est que l’Afrique aussi puisse arriver à mobiliser suffisamment de ressources. Ce que d’ici à la COP 30, l’Afrique, essentiellement le bassin du Congo voudrait avoir 1 milliard de dollars américains et parce que dans le TFFF il est dit que 20 % de fonds qui sera mobilisé va aller directement aux communautés et la perspective du bassin du Congo, c’est que on puisse avoir 1 milliard de dollars américains qui va directement aux communautés », pense Daniel Mukubi de la RDC.
Initié par le Brésil, actuellement grâce un fort lobbying, le TFFF est en train d’atteindre les trois bassins forestiers, tropicaux, notamment les forêts du bassin du Congo et le bassin Bornéo Mékong en Asie du Sud- Est. « Le Brésil est bien positionné avec des capacités techniques avec toutes les idées déjà bien assises à leur niveau en tant que concepteurs, il est question que nous maintenant par exemple en tant que bassin du Congo, nous puissions aussi nous imprégner de la vision et de l’innovation qu’amènent ces fonds, Cela demande en fait qu’on soit plus proactif. Ça passe par l’élaboration de projets bancables au niveau communautaire, le renforcement des capacités des communautés, pas seulement les capacités techniques mais aussi les capacités financières que les communautés soient capables de gérer des sommes importantes de financement pour mettre en œuvre de projets, non seulement de conservation, mais aussi des développement local », a rencheri Monsieur Mukubi.
Pour Justin Kamga de l’organisation Forêts et développement rural (FODER), basée au Cameroun, le fait d’avoir un tel mécanisme destiné à l’endroit de populations locales et autochtones est une très bonne idée. Pour le cas du bassin du Congo, « nous pensons en fait que c’est un fonds qui pourra davantage aider les communautés à se développer. Nous souhaitons que ces fonds soient réellement des fonds qui soient destinés aux communautés, pas des fonds qui vont se balader dans des réunions entre les mains des institutions étatiques », insiste-t-il.
Gestion et Impact du Fonds
En tant qu’acteur de la société civile, il souhaite qu’il n’y ait pas d’ingérence ni d’intermédiaire dans la gestion de ce fonds. « Maintenant c’est à nous africains de s’asseoir et de définir un bon mécanisme de gestion de ces fonds pour que cela puisse avoir l’impact, et que ça puisse changer effectivement la vie des communautés ».
Territorialisation et Participation des Peuples Autochtones
Il est plus qu’important de territorialiser ce fonds. Le territoire doit être le principe premier et le centre de toute initiative. L’accès direct doit permettre de répondre aux besoins territoriaux et de prendre en compte les particularités de chaque territoire lors de la résolution de ses problèmes et de ses processus. La participation des peuples autochtones doit être pleine, réelle et effective, avec parité et égalité, et dans des conditions de dignité, dans les espaces de prise de décision, et tout au long du processus, en particulier dans les mécanismes de partage des bénéfices. Les peuples autochtones doivent être présents dans le cadre de la gouvernance et pour la prise de décision conjointe. Souhaitent les africains.
Zadouaka Nathalie, de la République du Congo pense que ce fonds pourra aider à résoudre le problème de précarités des communautés vivant dans et autour des aires protégées. « la plupart des communautés ou encore des populations autochtones ne reçoivent pas dans l’intégralité, ce qui leur revient de droit aussi il est important de relever que si seulement si cette initiative pourrait aboutir, je pense bien que ça serait la bienvenue pour ces populations-là, mais à la base il ne faudrait pas imposer à la population locale ou autochtone, ce qu’il faudrait faire, mais au contraire, identifier leurs besoins depuis la source, et de cette façon on pourra peut-être mettre en place des projets et ces projets-là pourront donc bénéficier des financements à la base et après ces financements pourront aider donc ces populations locales », a-t-elle suggéré.
La finalité de ce financement est d’atténuer la pression de la population qui vit dans ou aux alentours des aires protégées. Il est donc crucial de tenir compte de la vie des populations locales avant de pouvoir agir. Pour que ce mécanisme soit un succès, il faut impliquer une représentation de la population autochtone et de la population locale à chaque niveau de gouvernance, propose la congolaise.
Positionnement et organisation de l’Afrique
Ancien du REPALEAC, Venant Messé pense que l’Afrique doit se positionner pour réellement tirer profit de ce mécanisme. « Ce fonds est une opportunité, mais il faut vraiment se positionner, il faut davantage travailler sur les valeurs sur les critères de répartition, j’allais dire les clés de répartition et maintenant comment est-ce que nos états vont aussi à leur niveau contribuer à mobiliser les autres états à mettre la main à la pâte ? Moi je crois que l’Afrique davantage et le bassin du Congo devrait mieux s’organiser et pour mieux se positionner pour ne pas vraiment être le dernier de la classe », a-t-il insisté.
La sous-région doit travailler à l’autonomisation des fonds pour le bassin du Congo. A l’en croire, « il y a des initiatives comme le PFBC qui peuvent aussi nous permettre de mettre en place des initiatives pareilles, mais malheureusement ce que nous avons constaté est que même dans les organes sous-régionaux, les contributions des Etats se font toujours attendre. C’est là que je peux dire que notre bassin est mal parti ».
Pour le Gabonais Basile Teddy Moussamoussavo le fonds en gestation est une innovation parce qu’à l’époque les financements transitent soit par les gouvernements, notamment. Cette initiative pourrait aider à réduire les démarches tracassantes avec plusieurs intermédiaires à la fois avant d’accéder au financement.
« Les perspectives c’est faire en sorte que nos gouvernements soient favorables pour saisir ce mécanisme au travers des pays que nous sommes, puisque nous avons beaucoup de projets qui ne sont pas financés, faute de financement, parce que les circuits financiers actuels que nous connaissons, ne nous permettent pas de bénéficier de ce type d’avantages », a-t-il plaidé.
Reconnaissance des Fonds autochtones et collaboration régionale
Le TFEE doit reconnaître les fonds autochtones détenus et/ou validés par des organisations, et collaborer directement avec les mécanismes régionaux, par le biais de cadres participatifs et de gouvernance. La participation doit être inclusive, intégrant adéquatement les femmes et les jeunes à tous les niveaux de financement.
Ce mécanisme doit prendre en compte des aspects tels que la mise en œuvre des plans de gestion, la protection des peuples autochtones, la protection des peuples autochtones en isolement volontaire ou en premier contact (PIACI) et les ressources permettant d’accéder aux garanties des droits collectifs doivent être prioritaires. Le mécanisme doit s’adapter aux différentes méthodes de travail et aux particularités de chaque pays.
Alfredo Prince NTUMBA