
L’Agence Congolaise de l’Environnement (ACE) est au bord d’une crise majeure, menacée par de vives tensions internes suite à la décision controversée de lever la suspension du Directeur Général Lama Onyangunga. Cette situation, qui a pris une tournure dramatique avec l’organisation de marches antagonistes et des déclarations incisives, exige une attention urgente des autorités pour éviter un affrontement ouvert entre agents.
Le torchon brûle à l’ACE depuis que la décision de lever la suspension du DG Lama a été ordonnée par le Directeur de cabinet du Chef de l’État. Ce retour, loin de ramener la sérénité, a plutôt exacerbé les divisions au sein de l’agence, mettant en lumière des griefs profonds et des dysfonctionnements structurels. Deux Camps, deux Marches, une Agence divisée
Cette semaine a été marquée par une série d’événements qui témoignent de la polarisation de l’ACE. Le mardi 22 juillet, un groupe d’agents et cadres « anti-Lama », emmené par la délégation syndicale, a organisé une marche pacifique pour exprimer son opposition au retour du DG. Leur démarche a culminé par le dépôt de mémorandums à la Primature, à la Présidence et au Ministère de l’Environnement, soulignant leurs préoccupations quant à la gestion passée de l’agence.
Reconnaissance d’un travail abattu
En riposte, le mercredi 23 juillet 2025, une autre marche a été organisée par un groupe d’agents « pro-Lama » à Kinshasa. Ces derniers ont exprimé leur soutien indéfectible au Directeur Général, arguant que son retour est une reconnaissance de son travail et de son intégrité. Thomas Tando, un agent de l’ACE, a d’ailleurs déclaré : « Nous considérons, par ce geste, une reconnaissance du travail abattu, de l’intégrité de notre établissement et une marque de confiance envers notre autorité. Haut et fort, nous vous rassurons, son Excellence Monsieur le Président de la République, que nous allons tout mettre en œuvre pour mériter dignement cette considération particulière et continuer à servir la nation avec loyauté et dévouement ». Cette déclaration, empreinte de dévouement, reflète la conviction d’une partie du personnel en la légitimité du DG Lama.
Un cauchemar managérial
Dans la même journée du 23 juillet, une autre déclaration a secoué l’ACE : celle des directeurs de l’agence, adressée directement au Président de la République. Ce mémo, d’une franchise déconcertante, exige le report pur et simple de la correspondance du directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, qui a ordonné la levée de suspension de Lama Onyangunga.
Marius Boleko, directeur à l’ACE, n’a pas mâché ses mots pour décrire le bilan du DG suspendu : « Son ère [Ndlr : ère de Lama Onyangunga] n’aura été qu’un cauchemar technique, scientifique et managérial de mauvais goût pour l’ACE, caractérisé par un amateurisme criant, par une gabegie financière doublée d’un affairisme outrancier… ».
Cette accusation grave met en lumière des préoccupations majeures concernant la gestion financière et la compétence managériale durant la précédente période de fonction du DG Lama.
Les cadres dénoncent par ailleurs l’instauration d’une administration parallèle au sein de l’ACE, une pratique qui aurait conduit à des dérives alarmantes, telles que la falsification de documents de l’État et la vente illégale de certificats et avis environnementaux. Ces allégations, si elles sont avérées, soulèvent de sérieuses questions sur la gouvernance et l’intégrité des opérations au sein de l’agence.
Steve Lemba, également directeur à l’ACE, a souligné l’importance d’une nomination rigoureuse des dirigeants : « Au regard des missions régaliennes de l’agence et face aux enjeux majeurs que représente l’ACE, il est impératif que toute nomination de ses dirigeants soit faite avec parcimonie et responsabilité… ».
Cet appel à la prudence et à la responsabilité résonne comme un avertissement face aux conséquences potentielles d’une décision qui ne tiendrait pas compte des réalités du terrain.L’Agence Paralysée, les Observateurs Inquiets
Cette situation explosive a des répercussions directes sur le fonctionnement de l’ACE. Le travail au sein de cette agence gouvernementale tourne actuellement au ralenti, entravé par l’incertitude et les tensions palpables entre les factions.
Plusieurs observateurs s’inquiètent de la tournure que pourraient prendre les événements et craignent un affrontement direct entre les pro et anti Lama. Certains experts recommandent vivement une analyse dépolitisée de la situation, afin d’éviter le pire et de préserver la crédibilité et l’efficacité de l’ACE.
Il est impératif que les autorités prennent des mesures rapides et impartiales pour désamorcer cette crise et permettre à l’agence de se concentrer sur ses missions essentielles pour la protection de l’environnement en RDC. L’affaire reste à suivre de près, car l’avenir de l’ACE, et potentiellement la stabilité de l’environnement institutionnel en RDC, dépendra de la manière dont cette crise sera gérée.
Alfredo Prince NTUMBA