
Directeur exécutif de l’Alliance pour la Gouvernance climatique et la conservation de la Biodiversité (AGCB), Alain-Parfait Ngulungu est l’un des organisateurs aux côtés du CRIDE de l’Université Pédagogique Nationale(UPN) ; du C&S Expertise et de l’ Observatoire sur l’Agenda 2030 des Nations Unies du CEIM de l’Université du Québec à Montréal(Canada) du Colloque International sur les 10 ans de mise en œuvre de l’Accord de Paris dans le bassin du Congo qui se tiendra du 21 au 22 octobre 2025 au Campus de l’UPN à Kinshasa/RDC.
À bâtons rompus, il aborde avec Environews, les enjeux de cette grande messe à la veille de la COP30 à la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui aura lieu à Belém au Brésil
Interview exclusive réalisée par Environews
Environews : A quelque jours du Colloque, voudriez-vous nous présenter ses enjeux et ses objectifs?
Alain-Parfait NGULUNGU : De manière brève, ce Colloque international tente de faire le point des 10 ans de mise en œuvre de l’Accord de Paris dans l’espace géographique du bassin du Congo. Il s’agit d’un rendez-vous scientifique unique où plusieurs acteurs provenant de la communauté scientifique, de la société civile, du monde politique, du secteur public et des bailleurs de fonds échangeront sur l’Accord de Paris, qui est le troisième accord sur les changements climatiques adopté en 2015 à l’occasion de la COP21.
Dans le cadre de cet Accord, les États doivent poursuivre un objectif ambitieux consistant à contenir « l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ». Pour atteindre cet objectif, l’Accord de Paris innove en consacrant la contribution déterminée au niveau national(CDN), qui est un document clé à soumettre au secrétariat de la CCNUCC par les États et intégrant leurs ambitions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques
Dix ans après l’avènement de l’Accord de Paris, les États ne se dirigent sur la bonne voie de l’atteinte des objectifs climatiques assignés au titre de cet accord. Beaucoup d’efforts reste à accomplir pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique. Les pays du bassin du Congo doivent jouer leur partition et contribuer à cet effort. Le bassin du Congo regorge non seulement des ressources naturelles importantes, mais aussi des minerais essentiels à la transition écologique. Comme d’autres pays en développement et d’Afrique, les pays du bassin du Congo subissent de plein fouet les effets néfastes des changements climatiques. Les inondations annuelles ont des effets énormes en termes de pertes en vies humaines, des conséquences d’ordre économique et des dommages environnementaux. Faire le point des 10 ans de mise en œuvre de l’Accord de Paris revêt donc une importance capitale. Et, ce Colloque est à n’en point douter une excellente opportunité.
Environews : Que poursuivez-vous en mobilisant la crème scientifique, la société civile, les décideurs politiques, les bailleurs des fonds, le secteur privé et le monde estudiantin ?
APN : Derrière cette mobilisation de ces acteurs, nous espérons atteindre un public large, diversifié, multi-générationnel en vue de tirer le bon côté des réflexions convergentes et divergentes par rapport à l’implémentation de l’Accord de Paris dans le bassin du Congo. Les connaissances et expériences partagées dans le cadre de ce Colloque serviront à orienter les acteurs de lutte contre les changements climatiques dans le bassin du Congo, y inclus les décideurs politiques.
En clair, les échanges de ce Colloque visent l’atteinte de trois objectifs : Primo, faire un état de lieu de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre dans le bassin du Congo sous le prisme de l’objectif de l’Accord de Paris.. Secundo, débattre sur les enjeux autour du contenu et la mise en œuvre des mesures d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques dans le bassin du Congo. Et enfin, échanger sur la cohérence entre le financement disponible et les besoins climatiques dans le bassin du Congo au regard de l’Accord de Paris.
Environews : Quels ont été les défis principaux relatifs à la mise en œuvre de l’Accord de Paris dans le bassin du Congo ?
APN : Les présentations des panélistes traiteront assurément des défis d’implémentation de l’Accord de Paris dans le bassin du Congo.
Sur une soixantaine de communications intéressant une dizaine des pays de l’Afrique subsaharienne, plusieurs questions et axes seront abordés, notamment l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre dans le bassin du Congo, ; l’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques ; le financement des ambitions climatiques ; l’harmonisation des politiques, des législations et des contributions déterminées à l’échelle nationale (CDN) au niveau sous-régional ; , le renforcement des capacités, le transfert de technologies, la coopération, la recherche et la vulgarisation et les angles-morts en vue de dégager les perspectives pour une mise en œuvre renforcée de l’Accord de Paris dans le bassin du Congo pour la décennie 2025-2035.
Environews : En route vers la COP30 de Belém, avez-vous un agenda particulier à l’issue de ce Colloque?
APN : Ce colloque sera l’occasion d’échanger sur les questions majeures en lien avec les changements climatiques dans le contexte particulier du bassin du Congo. À coup sûr, des connaissances scientifiques et des expériences des acteurs alimenteront le débat et enrichiront les négociateurs et les délégations des pays du bassin du Congo qui assisteront à la COP 30.
Environews : Parlant du financement climatique, des voix s’élèvent actuellement pour demander à la RDC de rejoindre le Conseil d’Administration du CAFI…
APN : Il est impératif d’organiser un audit de conformité environnementale et sociale de tous les PIREDD appuyés par le Fond national REDD+/CAFI, une décennie après. Il serait souhaitable que le Gouvernement de la RDC exige cet audit. Il est difficile de comprendre la non inclusion d la RDC dans le Conseil d’administration de CAFI. La porte du conseil d’administration du CAFI est-elle barrée pour que à la RDC n’y accède pas ? Y-aurait-il une raison de sa non participation ?
L’exigence d’un audit de conformité socio-environnementale n’est pas nouvelle. Il consiste à passer au peigne fin la performance des PIREDD sur les plans environnemental et social. Il s’agit de de vérifier la conformité aux normes, d’identifier les impacts potentiels et de s’assurer que les pratiques respectent les principes de l’équité et de la transparence de l’action climatique.
L’analyse de la réduction des émissions de gaz à effet de serre , la collaboration des acteurs du projet et l’administration forestière, l’utilisation durable des ressources naturelles concernées par le projet, les conditions de travail des acteurs du projet et les relations avec les communautés locales et peuples autochtones bénéficiaires seront au cœur de cet audit. A l’issue de cet audit, il ressortira une idée claire de l’état des PIREDD. En définitive, nous encourageons la RDC à rejoindre ce Board. Car, dit-on : ‘Tout ce qui se fait pour moi, sans moi, est fait contre moi’.
La Redaction