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Jean-Robert Bwangoyi, « la protection de la forêt doit profiter à ceux qui la protègent »

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Le patron de l’entreprise ERA Congo, spécialisée dans la vente de carbone a été l’invité de Alfredo Prince NTUMBA. Dans une interview exclusive, Jean-Robert Bwangoyi a précisé que la protection de la forêt congolaise doit profiter à ceux qui la protègent. Notamment, les peuples autochtones pygmées et les communautés locales.

Environews : Professeur Bwangoyi bonjour !

JRB : Bonjour Monsieur le journaliste !

Environews : Pouvez-vous dire à nos téléspectateurs qu’est-ce que vous êtes, et qu’est-ce que vous faites ?

JRB : Nous sommes une société qu’on appelle Wildelife Works Carbon. Sa filière en RDC c’est ERA Congo qui est dans le Maï Ndombe. C’est le leader mondial dans la vente des crédits carbones forestiers. Nous avons des filiales au Cambodge, en Indonésie, au Panama, et en Colombie. Les plus importantes sont celles du Kenya. La première société que nous avons eue pour la conservation. Et la deuxième c’est celle de la RDC avec ERA Congo. Nous sommes une société qui croit que la protection de la nature doit d’abords profiter à ceux qui protègent la nature. Raison pour laquelle nous nous appelons Wildelife Works  Carbone.

Nous travaillons pour les communautés avec l’argent de la vente des carbones. Ici au Congo nous sommes là officiellement depuis le 14 mars 2011 mais nos activités, nous les avons commencées depuis 2009. On était déjà au Kenya quatorze ans avant de commencer en RDC. Au Kenya l’essentiel de crédit carbone dans la Rukinga et Kasagao se trouve dans le sol sur un milieu aride. Nous nous sommes dit que si on protège la végétation, ce carbone qui se trouve dans le sol ne va pas être émis dans l’atmosphère, car ce limon sableux a accumulé beaucoup de carbone.

Conserver la forêt au-delà des impératifs climatiques

Environews : Quel est votre regard sur la conservation des forêts congolaises ?

JRB : La grande partie des forêts congolaises est encore intacte puisqu’on parle encore de 150 millions d’hectares. D’après nos propres travaux nous avons retracé 128 millions d’hectares. Entre 128 et 150 millions d’hectares, la plupart de ces forêts sont très peu perturbées mais si vous essayez d’aller à l’intérieur, ces forêts ont été vidées de leurs occupants, à cause du braconnage.

Donc, les éléphants, les singes ont été décimés pour la plupart, mais les forêts et les arbres sont encore là.  Aujourd’hui le problème qu’il y a c’est le danger d’avoir une exploitation non rationnelle de la forêt parce que l’exploitation qui a été faite jusque-là en RDC n’est pas une exploitation rationnelle. Quand j’étais étudiant, la forêt de Mayombe était encore là. Nous sommes allés là-bas, aujourd’hui, il ne reste plus que la forêt de Madiakoko à la frontière avec le Cabinda et la Réserve de la Luki.

Un centre de santé construit par ERA Congo.

Les autres forêts ont complètement disparu. Jusqu’au point que nous ne pouvons pas reconnaître qu’il y avait une forêt à ces endroits. Vous retrouverez des champs abandonnés où l’on faisait de l’exploitation du bois. À Mbanza Ngungu il y avait une forêt à dominance de l’Iroko à l’époque. Et, aujourd’hui, la forêt a disparu.  Si nous ne faisons pas attention, nous allons avoir la disparition de toutes nos forêts. 

Je pense que c’est une priorité des priorités de pouvoir conserver la forêt au-delà des impératifs de protection de climat. C’est d’abord la protection d’habitats, des espèces qui nous servent notamment pour la pharmacopée, pour la nourriture, etc. Nous voulons d’abord protéger la forêt et les bénéfices de conservation et de protection de l’environnement et du climat vont venir plus tard.

Environews : Vous travaillez avec les communautés dans la Province de Mai-Ndombe. Quels sont les droits et devoirs de chaque partie ?

JRB : Notre modèle dans le Maï-Ndombe est simple : « protégeons la forêt ensemble, nous aurons des bénéfices ensemble ». C’est ainsi que dans notre protocole d’accord avec le gouvernement congolais. Nous avons gardé 25% du brut pour protéger les droits des communautés, investir dans les infrastructures sociales des communautés locales dans la zone du projet. Nous avons fait comprendre aux communautés que si elles protègent la forêt, nous allons obtenir des bénéfices. Et si nous en avons les bénéfices, nous les partageons ensemble. 

La visite d’une école construite par ERA Congo.

Dans la zone de notre projet par exemple, dans l’ensemble nous prenons la charge de payer tous les enseignants. Ce n’est pas de la philanthropie. Ce n’est pas de l’argent que nous décidons de donner comme cadeau à la population.  « C’est leur argent ». C’est l’argent qui leur revient après que nous ayons vendu les crédits carbones. Ils ont droit à 25 %. Nous les aidons par rapport aux besoins qu’ils éprouvent en montant des projets afin de répondre à ces besoins exprimés.

Nous couvrons avec ce fonds le frais de scolarité, des uniformes des frais de participation aux examens d’Etat. Nous travaillons pour la transformation agricole en apportant des variétés améliorées des maniocs qui produisent sur des terres marginales six fois plus qu’une variété normale. Nous construisons des bâtiments scolaires. Il nous arrive de construire six bâtiments chaque trimestre et nous allons parfois au-delà de ce qui a été prévu dans le cahier des charges.

Actuellement nous avons construit 18 bâtiments scolaires, en principe nous devrions construire jusqu’à 28. Mais nous irons jusqu’à 50 je pense. Nous allons procéder par tranche des six d’ici deux ou trois ans il y aura un bâtiment viable et solide dans chaque village de notre zone d’intervention. Nous avons dans l’ensemble de Mai Ndombe, au moins 7 mille élèves scolarisés dans notre zone du projet. C’est un partenariat que nous avons avec le gouvernement de la République démocratique du Congo et les communautés locales.

Vous avez dit le climax ? Quel est l’avenir du marché carbone en RDC ?

La suite de l’interview dans notre prochaine édition. A suivre également sur ENVRONEWS TV.

Interview réalisée par Alfredo Prince NTUMBA

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