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ILDI s’engage pour sauver des vies en RDC grâce à la fiscalité du tabac

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L’ONG Initiative Locale pour le Développement Intégré (ILDI) a organisé ce mercredi 29 octobre, une table ronde à Kinshasa, axée sur la fiscalité du tabac et le financement du système de santé en République démocratique du Congo. L’objectif est de créer un espace d’échange permanent pour renforcer ces domaines vitaux.

Cette rencontre a rassemblé des acteurs étatiques et de la société civile, tous mobilisés par la disposition 26 de la convention cadre de lutte anti-tabac. Cette disposition exhorte les États membres à adopter des stratégies nationales complètes, à surveiller et à réglementer les nouveaux produits du tabac et de nicotine, et à accélérer la mise en œuvre intégrale de la convention, notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics et l’étiquetage des produits.

Godefroid Mboyo, Coordonnateur a.i de l’ONG ILDI et Manager du Projet TTAA-RDC, a souligné l’urgence d’accélérer la ratification du protocole de l’OMS. La mise en œuvre de cette disposition nécessite des fonds pour sa mise en œuvre. « Nous devons penser à accélérer la ratification du protocole de l’OMS. Avec la taxe ad valorem, nous aimerions que le prix des cigarettes passe de 1000 à 1672 Francs Congolais. Ainsi, plus de 56000 personnes cesseront de fumer et plus de 19000 vies seront sauvées d’ici 2035 ! Nous avons lancé des recherches qui vont permettre au gouvernement de prendre des décisions efficaces dans la mise en œuvre des politiques. Cette table ronde pourra booster le système de taxation qui est jugé aujourd’hui inefficace. » A souligné Godefroid Mboyo, Coordonnateur a.i de l’ONG ILDI et Manager du Projet TTAA-RDC.


La consommation de tabac demeure la première cause de décès évitable au niveau mondial, tuant près de 8 millions de personnes chaque année par des cancers, des maladies cardiaques et respiratoires. Elle engendre également des centaines de milliards de dollars de pertes économiques. L’addiction tabagique est une épidémie mondiale qui frappe particulièrement les pays les plus vulnérables, d’où la nécessité d’une lutte implacable.

Mukenyi Badibanga, Directeur Général Adjoint de l’Institut National de Santé Publique (INSP), a insisté sur l’importance d’évaluer l’efficacité des taxes sur le tabac pour augmenter les recettes nationales, renforcer le financement de la santé conformément à l’article 26 de la convention cadre, et accélérer la ratification du protocole de l’OMS pour éradiquer le commerce illicite du tabac en RDC. Les résolutions de cette table ronde visent à aider les Ministères de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance Sociale et des Finances à optimiser la collecte des recettes et à financer efficacement le système de santé publique. « Je crois qu’avec l’utilisation des nouvelles technologies, il y a lieu de pouvoir réduire la fraude suffisamment », a-t-il précisé.

A l’en croire, la taxation du tabac ne doit pas être perçue comme une simple taxe, mais comme un instrument de bien-être collectif, contribuant à une économie plus saine et équitable. Unya Mutuba Aurèle, Inspecteur à la Brigade de lutte contre la fraude de la DGDA, a affirmé l’engagement de la DGDA à renforcer ses efforts par la formation du personnel et la coopération internationale pour un meilleur suivi des chaînes de valeur du tabac, faisant de la fiscalité du tabac un pilier de la santé publique.

La corruption : un obstacle majeur

La lutte contre le tabagisme est un enjeu de santé publique mondial, mais elle se heurte à un obstacle de taille : la corruption. Celle-ci permet à l’industrie du tabac d’influencer les décisions et d’affaiblir l’adoption de réglementations efficaces, comme l’augmentation des taxes. L’Inspecteur Unya Mutuba Aurèle a souligné que la contrebande, la surfacturation, la fraude et le blanchiment de capitaux liés au commerce du tabac privent l’État de recettes importantes.

Dans un contexte où les intérêts commerciaux priment souvent sur le bien-être citoyen, la corruption fragilise la Convention-cadre de l’OMS et les efforts mondiaux. La dénonciation et l’élimination de cette corruption sont donc cruciales pour que les politiques anti-tabac puissent enfin déployer tout leur potentiel salvateur.

Le Directeur Général Adjoint de l’INSP a reconnu l’ambition de mettre fin à la fraude, mais a insisté sur la nécessité de la réduire. Il a suggéré d’intégrer la numérisation, un pilier du programme du Chef de l’État, pour lutter efficacement contre la fraude grâce aux nouvelles technologies. Godefroid Mboyo a ajouté que la lutte est multisectorielle et appelle à la conscience de tous, car laisser les gens être tués par un produit nocif revient à y participer.

En conclusion des travaux, une étude de l’ONG ILDI, publiée en octobre 2025 et intitulée « Estimation du commerce illicite du tabac et ses effets sur la fragilisation de la politique fiscale en RDC », a été présentée. Ce rapport de 53 pages aborde les problématiques majeures de la fiscalité du tabac en RDC, notamment la politique de taxation et les conséquences du commerce illicite. Godefroid Mboyo a interpellé chacun sur la responsabilité d’accompagner l’État dans la mise en œuvre des politiques anti-tabac.

Sarah MANGAZA

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