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Les espèces protégées au cœur des échanges à l’UPN

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En prélude de la journée mondiale des espèces menacées célébrée le 11 mai de chaque année, l’USAID, à travers son Programme Régional pour l’Environnement en Afrique centrale (CARPE), a organisé une journée d’échanges ce vendredi 10 mai 2024, à l’Université Pédagogique National (UPN) de Kinshasa. Cette activité organisée en collaboration avec le Centre de Recherches Interdisciplinaire en Droit de l’Environnement (CRIDE) a été axée sur le thème : « Pangolins et écailles sous protection ».

La conférence avait l’objectif de sensibiliser les étudiants sur les mesures de protection des espèces en danger, notamment les pangolins. Cette année, l’USAID dans son volet Activité de Soutien aux Forêts et à la Biodiversité (FABS) met un accent sur la protection du pangolin parce que c’est le mammifère le plus trafiqué au monde, parmi toutes les espèces menacées d’extinction. A l’en croire, il n’existe pas encore un plan national de protection pour les pangolins. Etant une source usuelle de protéines pour les villageois, le pangolin est victime de braconnage d’une manière inquiétante. Pourtant, les Experts affirment que cet animal joue un grand rôle dans le maintien de l’écosystème. A cet effet, plusieurs exposés ont été au rendez-vous, en vue de faire comprendre son importance.

« Aujourd’hui, les grosses quantités évaluées en termes de plusieurs tonnes trafiquées à l’interne comme à l’externe du pays sont des pangolins. Selon des études récentes, cet animal est braconné toutes les cinq minutes. A cette allure, cette espèce risque d’arriver à son extinction. Donc, il y a plusieurs menaces qui pèsent sur cette espèce. Son commerce illicite génère beaucoup d’argent. En plus, beaucoup de gens aiment manger de la viande de brousse, dont le pangolin. Il est également très utilisé dans la médecine traditionnelle asiatique. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre un accent sur le pangolin au cours de ces échanges. » A expliqué le Directeur de CRIDE et Professeur à la Faculté de Droit à l’UPN, Cléo Mashini Mwatha.

La criminalité faunique est un problème grave qui menace la biodiversité et le développement de la République démocratique du Congo. Elle comprend le braconnage, le trafic et le commerce illégal des espèces sauvages, notamment les éléphants, les pangolins, les gorilles et les bonobos. Les causes de cette criminalité sont multiples. Parmi elles il y a la pauvreté, la corruption, la faiblesse des institutions, la demande internationale et la présence des groupes armés. Choses qui entraînent des conséquences désastreuses, tant sur le plan écologique, économique, social que sécuritaire. C’est pour cette raison que FABS a fait de cette lutte une de ses activités phares, en abordant et appuyant des stratégies et des actions efficaces qui contribuent à réduire les menaces sur la faune et ses produits.

Ces questions sont-elles connues des étudiants en particulier et des congolais en général ?

Pour protéger ces espèces, il faut tout d’abord les connaître. Or, nombreux sont ceux qui ignorent l’importance de la faune et ne connaissent pas le rôle d’une espèce protégée. « J’ai relevé des points négatifs et positifs au cours de cette conférence. Le négatif est que les étudiants ne s’intéressent pas assez à la question de la biodiversité ou à l’écologie. Ils sont vraiment insouciants là-dessus. Ils ignorent que l’être humain existe grâce à la biodiversité. Ils ne se documentent pas du tout sur ces questions. Mais, le point positif est qu’ils ont un professeur qui s’intéresse à ces questions. Il a fait un grand travail. Grâce à lui, il y a une maîtrise à un certain niveau. Mais, il est important de continuer à renforcer la sensibilisation sur les questions environnementales. » A relevé Hervé Kimuni, spécialiste en lutte contre la criminalité faunique au Programme FABS.

Même son de cloche du côté de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), qui estime qu’il est grand temps d’intensifier la communication de cette institution en vue de faire connaître au public d’une manière plus large, sa raison d’être est sa mission. 

« Nous sommes à l’aube du centenaire de l’ICCN. Malheureusement, il y a une dynamique taciturne de la communication au sein de cette institution. Mais, l’actuel DG a décidé de redonner à la communication de l’ICCN un souffle assez efficace pour mettre en lumière les connaissances sur le secteur de la conservation, car elle n’est pas encore comme on le veut en RDC », a indiqué  Jean Luc Mwamba Kalumba, l’Assistant du DG de l’ICCN en matière des Relations Publiques.  

Selon le CRIDE, la sensibilisation et le renforcement du cadre légal restent l’un des moyens efficaces pour lutter contre l’extinction des espèces en RDC, « On a relevé durant toute la conférence que le cadre légal de la RDC n’est pas tout à fait conforme aux annexes de la CITES qui a décidé de mettre les différentes espèces de pangolin en annexe une, donc qui ne peut pas faire l’objet d’un commerce. Alors qu’en RDC on a toujours cette distinction entre les petits pangolins, les pangolins terrestres ou les pangolins géants. Les pangolins géants sont totalement protégés, alors que les petits pangolins ou les pangolins terrestres ne sont pas protégés. Il faudra aussi que le pays puisse se doter de cette stratégie de lutte contre la criminalité faunique.» A ajouté le Professeur Cléo Mashini.

Présente à cette activité, la CITES a mis un accent sur les défis que cette organisation a à relever au quotidien pour mener à bien son activité en RDC. Parmi eux, le trafic d’influence des autorités politico-administratives et les intimidations.

Au cours de cette conférence, un concours a été organisé en vue de tester les connaissances des étudiants en matière de la criminalité faunique en RDC. Sur 5 participants de différentes filières de l’UPN, seuls 2 étudiants se sont démarqués. Ils ont gagné chacun 30 dollars américains. « A l’issue de cette journée, je retiens que chaque animal est important. Surtout pour les animaux sauvages, nous n’avons pas le droit de les chasser pour nous enrichir. Pour être sincère, je n’ai pas gagné parce que je connaissais. J’ai juste essayé, en créant les réponses par rapport aux questions », a confié la gagnante Lisaka Bora, étudiante en L1, Option Psychologie Sociale et des Organisations.

Sarah MANGAZA

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