
Le Réseau Engagement Environnement et Droits Humains (R-EDH), en collaboration avec la Rainforest Foundation UK, a présenté un nouveau portail de conformité en ligne. Cet outil numérique centralise les processus légaux régissant l’attribution, le fonctionnement et l’acquisition des concessions forestières en République Démocratique du Congo. Son objectif est de permettre aux acteurs gouvernementaux, aux entreprises forestières, aux organisations de la société civile, aux communautés locales, aux étudiants et aux chercheurs de vérifier et d’évaluer le respect des réglementations forestières, des normes environnementales et des engagements sociaux liés aux activités forestières sur le territoire congolais. La cérémonie de présentation a eu lieu ce jeudi 10 juillet à Kinshasa.
Julien Iwewe, manager de l’ONG APEM, a souligné l’importance de cet outil : « Pour fonctionner, pour faire l’exploitation industrielle du bois ou bien pour assurer la conservation, la RDC a mis des lois en place que chaque concessionnaire doit impérativement respecter. Cet outil va vraiment nous aider à faire des suivis dans la gouvernance forestière en RDC. Sa pertinence repose sur le fait qu’il rassemble les éléments qui font qu’une concession soit fonctionnelle en RDC. »
La conformité évoquée par le portail se réfère directement à la législation en vigueur. En tant que partenaire de cette initiative, la Rainforest Foundation UK a œuvré pour l’adoption d’une législation exemplaire visant à sécuriser les forêts pour les communautés, suscitant ainsi un intérêt croissant et une prise de conscience pour un changement de paradigme et des approches respectueuses des droits dans le secteur.
« Le but de concevoir cet outil était d’abord de démocratiser l’accès aux données dans un secteur souvent fragmenté. Pour moi, cela représente déjà un succès, car nous avons constaté une ouverture de nombreux acteurs, notamment du côté de la FIB et de l’administration, à partager les informations. Cela nous permettra de l’améliorer et de le rendre pertinent et actualisé pour la gestion du secteur forestier », a expliqué Victoria Mortti, chargée des campagnes chez RFUK.
Cet outil interactif est le fruit d’une étroite collaboration entre partenaires techniques et financiers, la société civile environnementale et les institutions du pays, dont le ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD). Selon Frédéric Ndjengo, directeur forêt au MEDD, cette démarche vise à renforcer la transparence et la légalité dans la gestion des ressources forestières en RDC.
« Nous avons la plus grande forêt de la sous-région, avec de nombreux défis. Pour relever ces défis, des outils comme celui-ci sont essentiels pour assurer la bonne gouvernance de notre forêt. L’administration générale des forêts s’appropriera également cet outil. Il est très important, mais doit encore être révisé en collaboration avec les services forestiers et les différentes parties prenantes pour répondre aux attentes de la RDC en matière de gestion des ressources naturelles », a précisé Frédéric Ndjengo.
Dans le cadre de l’amélioration de la transparence de la gestion forestière, les acteurs de la société civile ont insisté sur l’obligation pour les entreprises forestières de réaliser des études d’impact environnemental avant de débuter leurs activités, afin d’identifier les risques potentiels et de mettre en place des mesures d’atténuation.
Cet atelier de présentation a permis de découvrir les méthodologies d’évaluation de la conformité des concessions, d’échanger sur les tendances observées et les défis de gouvernance, et de recueillir les recommandations des participants pour améliorer le portail. La prochaine étape consistera à renforcer l’appropriation de l’outil par les acteurs de la société civile, des médias, des chercheurs et de l’administration, afin de susciter un dialogue multi-acteurs sur les perspectives de gouvernance forestière au pays.
Albert MUANDA