
Les vingt et quatre rhinocéros blancs réintroduits dans le Parc National de la Garamba sont constitués de neuf mâles et quinze femelles. Ils ont entre 1,5 et 11 ans comme le lot précédent, et pèsent jusqu’à deux tonnes. Parmi eux, il y a des mères venues avec leurs enfants. Cette translocation a été possible grâce au partenariat entre l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), African parks, Barrick Gold et la Munywana Conservancy de l’Afrique du Sud.
Les translocations sont des opérations très complexes qui nécessitent des évaluations approfondies des risques et des études de faisabilité avant leur mise en œuvre. Cette opération en plusieurs étapes a nécessité des mois de planification minutieuse et de coordination entre les vétérinaires, les spécialistes de la faune sauvage, les équipes logistiques et le personnel de sécurité.
« Chaque aspect, du bien-être des animaux à la logistique des vols, a été géré de manière à garantir la sécurité des rhinocéros tout au long de leur voyage. Ils sont arrivés sains et saufs mais le travail ne s’arrête pas là. Les prochains mois de surveillance seront particulièrement critiques pour s’assurer qu’ils s’adaptent à leur nouvel environnement. » A déclaré le Directeur Général et Chef de Site du Parc National de la Garamba, Philippe de Coop.
Afin d’aider ces rhinocéros à mieux s’adapter à leur nouvel environnement, ils ont d’abord été transférés en Afrique du Sud, du site Rhino Rewild à la réserve naturelle de Munywana, où ils ont passé nonante jours. Au cours de cette phase initiale de réintroduction dans la nature, les rhinocéros ont été exposés à des maladies naturelles telles que la trypanosomiase et à des conditions climatiques similaires à celles de la Garamba.

« Nous affirmerons qu’ils se sont adaptés quand ils commenceront à se reproduire. Ça dépend d’un milieu à l’autre. L’environnement de la Garamba est complètement différent de celui de l’Afrique du Sud. Alors, il fallait les emmener d’abord dans un endroit où il y a beaucoup de mouches tsé tsé comme ici. » A indiqué Kester Victory, Translocation Expert CEO Conservation Solution.
A l’en croire, des équipes de professionnels continueront à surveiller de près ces rhinocéros afin de s’assurer qu’ils s’adaptent à leur nouvel environnement et gérer tout stress lié au déménagement. « Le suivi a commencé depuis l’Afrique du Sud. Pour s’assurer de les garder en bonne santé, les médicaments sont toujours prêts. Dès qu’on constate un ça ne va pas, on intervient. » A confié le Dr Trever Viljoen, Médecin Vétérinaire, sans minimiser le fait que la nourriture soit également un facteur qui les maintient en bonne santé. « Ils se nourrissent de l’herbe basse mais ils vont manger d’abord la nourriture en provenance de l’Afrique du Sud pendant quelques jours. » A-t-il ajouté.
Leur voyage soigneusement orchestré, s’est déroulé en trois étapes : tout d’abord le transport routier de la réserve de Munywana à l’aéroport international O.R. Tambo de Johannesbourg en Afrique du Sud, ensuite un vol en Boeing 747 à destination d’Entebbe en Ouganda, suivi d’un transfert vers un deuxième avion C-130 à destination de la RDC et enfin, le transport routier vers le parc national de la Garamba.
« Notre soutien à la Garamba reflète notre conviction que la biodiversité est le fondement du développement durable. Nous sommes fiers de contribuer à cet effort historique aux côtés de nos partenaires. » A indiqué le DG de Kibali Gold Mine, Yan Jacob.
Les rhinocéros jouent un rôle écologique important. Sur ce, contribuer à la création d’un nouveau bastion pour les rhinocéros en Afrique centrale, apporte une contribution significative à la conservation de la remarquable biodiversité de la RDC. « Il s’agit d’une étape importante dans la restauration de l’intégrité écologique du Parc National de la Garamba et la préservation de l’avenir de cette espèce emblématique d’Afrique centrale. » A déclaré Jean Pierre Jobogo, Deputy Park Manager de l’ICCN.
Initialement prévu pour cinquante et deux rhinocéros, ce deuxième convoi en a apporté 24 mais ça ne s’arrête pas là. « Au mois de janvier nous pourrons en ramener encore 32. » A déclaré Directeur Général et Chef de Site du Parc National de la Garamba, Philippe de Coop pour honorer la parole donnée en 2023, qui était de réintroduire 72 rhinocéros à la Garamba.
Ce travail minutieux présente des défis énormes mais l’envie de bien faire ne voit pas des obstacles. « Cette deuxième phase avaient retardé par plusieurs aspects à savoir : l’écoulement du pont entre Doko et le parc de la Garamba car il y a un trajet à faire en véhicule ; la piste d’atterrissage devrait être allongée ; puis les procédures administratives. La CITES n’avait pas approuvée un document ; un permis qui contenait une erreur et cela a tout perturbé. » A renseigné le DG de Kibali Gold Mine.
Quid des rhinocéros introduits à la Garamba en 2023 ?
A en croire le gestionnaire du Parc National de la Garamba, les rhinocéros blancs réintroduits en juin 2023 s’adaptent très bien et sont en parfaite santé. « Ceux qui sont arrivés il y a 2 ans sont complètement autonomes. Ils trouvent leur propre eau et broute leur propre herbe. » A affirmé Phillippe de Coop.Cependant, un cas de décès est survenu il y a quelques mois.
« Malheureusement une maman rhinocéros qui venait de mettre au monde était décédé il y a 3 mois. C’était le 1er rhinocéros né à l’état naturel en RDC. Malheureusement, sans maman le bébé meurt très rapidement aussi. Les animaux finissent par mourir comme nous. On n’évitera jamais à 100% les morts ! Ce qu’il faut éviter est que la mort ne soit pas naturelle. » A ajouté Philippe de Coop.
Une visite guidée en safari a été organisée dans le sanctuaire des rhinocéros pour voir les 15 précédents. C’est une étendue de 120 hectares, où ils se plaisent de l’herbe mais pas n’importe laquelle. « Ces grands mammifères se nourrissent de l’herbe courte. Raison pour laquelle nous n’attendons pas du tout que l’herbe s’élève dans leur sanctuaire. Elle est coupée régulièrement et brûlée afin de permettre aux nouvelles de pousser, pour les maintenir courtes afin qu’ils mangent bien. Il y a beaucoup de nutriments dans l’herbe fraiche. » A expliqué Martin Van Rooyen, Conservation Manager.
Créé en 1938, le Parc National de la Garamba comptait près de 300 rhinocéros blancs. Grâce à cette grande initiative de translocation, le Parc compte 39 rhinocéros blancs et l’année prochaine est prometteuse : des rhinos en plus malgré les nombreux défis. La Garamba s’étend sur 513 300 hectares et est entouré par trois réserves, Azande, Gangala na Bodio et Mondo Missa, portant la superficie totale de 1 479 500 hectares connue sous le nom de complexe de la Garamba.
Situé entre les forêts tropicales denses du bassin du Congo et les prairies boisées des savanes guinéo-soudanaises, le parc de la Garamba est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et abrite la plus grande population d’éléphants et la seule population survivante de girafes du Kordofan en RDC.
La Garamba est donc un pilier de la stabilité et de la sécurité régionales, permettant un développement socio-économique durable pour la restauration de l’écosystème. Il est donc impérieux de préserver ces espèces car elles sont cruciales comme des ingénieurs des écosystèmes qui façonnent les paysages et maintiennent l’équilibre de la biodiversité.
Notons que le Parc National de la Garamba abrite désormais 39 rhinocéros dont 23 femelles et 16 mâles constitués de 7 mâles et 9 femelles du premier convoi et 9 mâles et 15 femelles du nouveau convoi.
Sarah MANGAZA










