
La criminalité environnementale, un fléau qui fragilise les écosystèmes et alimente l’insécurité, l’érosion de la biodiversité et la corruption. Elle représente une menace existentielle pour les pays du bassin du Congo. Cette criminalité prive ces États de milliards de dollars qui pourraient dynamiser leurs économies locales. Ce constat alarmant a été dressé lors de la conférence sur la criminalité environnementale et le conflit Homme-Faune, lancée ce jeudi 10 juillet à Libreville, au Gabon.
Aurélie Flore Koumba Pambo, co-facilitatrice gabonaise du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC), a souligné que « la criminalité environnementale dans notre région génère des profits illicites estimés à plusieurs milliards de dollars annuellement, se caractérisant par l’exploitation forestière illégale, la chasse commerciale illégale, le trafic d’ivoire, la surpêche et l’exploitation minière illégale. »
Selon les experts, ces activités criminelles sont d’autant plus attrayantes qu’elles sont très lucratives, se positionnant comme la quatrième source de revenus illicites après le trafic de drogue. Leurs ramifications complexes touchent presque tous les secteurs de la vie sociale, rendant impérative une bataille acharnée pour éradiquer ce fléau.
« Nous devons renforcer nos mécanismes de coopération transfrontalière, développer des outils innovants de surveillance et multiplier les initiatives de renforcement des capacités », a insisté Aurélie Flore Koumba Pambo.
Un accent particulier a également été mis sur le conflit Homme-Faune, un phénomène en pleine expansion qui nécessite une attention accrue. Loin de se limiter à une menace pour les humains, ces confrontations souvent tragiques impactent la sécurité alimentaire et affectent négativement les économies régionales.
Un responsable d’Olam Group au Gabon a révélé : « Il nous arrive parfois de perdre jusqu’à 40% de nos plantations de palmeraie ici au Gabon à cause de la dévastation provoquée par les éléphants. Il nous faut près de deux ans pour récupérer les palmiers détruits. »
Des cas similaires sont enregistrés dans toute la région. Certains observateurs suggèrent de revoir le statut de protection intégrale de certaines espèces dont le nombre a considérablement augmenté, afin de créer un équilibre.
Pendant ces deux jours de conférence, experts scientifiques, acteurs institutionnels et représentants de la société civile des pays du bassin du Congo partageront leurs réflexions et analyseront ces phénomènes. L’objectif est de proposer des stratégies et des moyens efficaces pour lutter contre la criminalité environnementale et le conflit Homme-Faune dans la région.
Depuis Libreville, Alfredo Prince NTUMBA