
World Ressource Institute (WRI) et Pulitzer center ont organisé un atelier conjoint sur l’utilisation des plateformes digitales pour les enquêtes sur les activités illégales dans le secteur forestier, à Bibwa, dans la ville province de Kinshasa. Cette rencontre du 23 au 24 septembre 2025 a mis un accent sur les leçons apprises et le partage d’expériences entre les Organisations de la Société Civile (OSC), les chercheurs et les Journalistes d’investigation sur la forêt tropicale, en vue des perspectives de collaboration utiles pour sauver les forêts.
Dans le bassin du Congo, la surveillance indépendante des forêts mise en œuvre par les OSC et les journalistes d’investigation ont des objectifs communs, mais agissent séparément. Bien qu’ils s’appuient sur des plateformes numériques de données ouvertes similaires, il n’y a pas eu des opportunités de partage d’expérience sur les approches méthodologiques utilisée, ce qui entraîne un manque de synergies dans le travail effectué.
L’objectif de ces travaux est donc de partager sur les différences et les complémentarités entre les méthodes de recherche des informations sur l’exploitation forestière illégale déployées par les OSC et les journalistes d’investigation du Centre Pulitzer. Une quarantaine de participants, dont dix Journalistes de la RDC et du Congo, boursiers du Pulitzer center ont pris part à ces assises. Les parties prenantes ont échangées sur les meilleures pratiques en matière d’utilisation des données ouvertes (open sources) pour documenter, exposer les réseaux d’exploitation forestière illégale, lancer des campagnes de plaidoyer et fournir des preuves aux décideurs.
« Un des aspects importants du travail de WRI est le développement d’outils en vue d’améliorer la qualité et l’accès à l’information en lien avec la surveillance forestière. Il s’agit par exemple de système de gestion, de suivi et de partage des données sur l’affectation et gestion des ressources forestières, tel que l’Atlas forestier, ou l’Open Timber Portal (OTP). Tous ces outils sont développés en collaboration avec les partenaires nationaux, régionaux et internationaux. Ces outils contribuent également à répondre aux objectifs de développement durable des conventions des nations unies et contribuent aux réflexions dans le cadre de différents processus de réformes sectorielles engagées par le pays. » A déclaré la Directrice pays de WRI, Bora Masumbuko.
A l’en croire, WRI est une organisation non gouvernementale internationale qui travaille à l’intersection entre la recherche et l’implémentation pour traiter des sujets à la fois variés et complexes tels que le changement climatique, les forêts, l’énergie, le lien entre la production de nourriture et la gestion des forêts, la résilience urbaine et la gestion des ressources en eau. Raison pour laquelle en République démocratique du Congo, elle collabore étroitement avec la direction des affaires et aménagement forestier. « Ces plateformes constituent des outils efficaces d’aide à la décision pour une gestion plus durable, responsable et inclusif de nos forêts en RDC et au Congo. En accomplissant sa mission, WRI met les populations y compris les communautés locales et les peuples autochtones au centre de ses préoccupations. » A ajouté Bora Masumbuko.
La lutte contre l’exploitation forestière illégale nécessite des approches multidisciplinaires et multipartites. D’où l’importance pour la science, la technologie, le journalisme d’investigation et les forces de l’ordre de travailler en étroite collaboration pour préserver l’intégrité des forêts tropicales restantes en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du Sud-Est.
« La déforestation menace les droits des communautés locales et affaiblit l’État de droit. Aujourd’hui, cette diversité d’expertise permettra de changer la donne, créer un espace de dialogue, de partage des méthodes, croiser nos expériences de terrain, et réfléchir ensemble à comment rendre nos travaux plus crédibles, plus visibles, et plus utiles pour les autorités compétentes. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le Pulitzer Center, c’est une organisation à but non lucratif basée à Washington, aux États-Unis. Notre mission consiste à soutenir un journalisme de qualité, indépendant et engagé, sur les enjeux les plus urgents et les moins couverts dans le monde. » A indiqué la Coordonnatrice de Programme du Bassin du Congo au Pulitzer Center, Augustine Kasambule.
L’établissement d’une collaboration permet donc de produire facilement un travail percutant sur lequel les décideurs et les organismes d’application de la loi peuvent s’appuyer dans leurs procédures judiciaires, afin d’améliorer l’efficacité et la crédibilité des actions du journalisme d’investigation sur l’exploitation forestière illégale et des OSC. Cet atelier a construit un cadre de collaboration pour la mutualisation des efforts visant à accroître la célérité dans la détection, le signalement et la prévention des crimes forestiers pour garantir des chaînes d’approvisionnement sans déforestation.
« Nous améliorons l’efficacité, la crédibilité d’actions de Journalisme d’investigation sur l’exploitation forestière illégale et des organisations de la société civile en charge de suivi indépendant de forêts. Nous réitérons notre engagement à poursuivre notre appui au pays dans ces efforts pour la production d’outils et des données, la promotion d’approche pour la gestion et la bonne gouvernance des ressources naturelles de la RDC et de la République du Congo. » A martelé la Directrice Pays de WRI.
De la théorie à la pratique

Cette collaboration semblait moins évidente pour enfin trouver sa place à l’issue des travaux intenses entre toutes les parties prenantes. Après les exposés et travaux en cinq groupes de travail, les participants ont mieux cerné les rôles des uns et des autres. « Les Journalistes nous aident à vulgariser nos actions. Ils sont nos collaborateurs incontestables. Notre souci est que cette collaboration puisse continuer à être renforcé. » A confié le Doyen des OSC, Parxem Jacques Bakulu, Coordinateur de l’ONG CEPECO du Kongo central.
Une reconnaissance qui n’a pas laissée les journalistes participants indifférents. « Nous tenons à vous remercier pour cet atelier dont la coordination est sortie de tous les cadres routiniers. Pulitzer center et WRI ont songé à une tribune qui nous a permis de nous remettre en cause. A un moment il y a eu des pics mais ça valait la peine car nous avons compris les uns et les autres qu’on ne se connaissait pas assez. Il y a un carnet d’adresse qui vient de se tisser et nous devons en profiter. » A déclaré le Doyen des Journalistes à ces assises, Jean Fundi, Rédacteur en Chef du Journal Karibu TV de la Tshopo.
Cependant, Jean Fundi a tenu à préciser qu’il ne s’agit en aucun cas d’une dépendance car cela entrave la liberté des Chevaliers de la plume. « La dépendance n’est pas seulement dans le fait d’être payé mais aussi lorsque nous attendons qu’on nous donne des sujets pour parler environnement »,avant d’émettre un souhait. « Une proposition et un souhait : que les Journalistes aient des plateformes qui portent haut leurs noms. Aux partenaires, de continuer à nous mettre à niveau par rapport aux progrès technologiques du style IA. Coup de chapeau au Pulitzer pour sa promotion de stories telling. » A-t-il conclu.
Des mots qui ont pu trouver leur réponse en République du Congo. « Personne ne tient à acheter l’autre. Chacun peut vivre son indépendance mais la collaboration est évidente, facile et souhaitée. C’est la première fois que je participe à une collaboration avec la Presse d’investigation. Pourtant ça fait 20 ans que je fais des observations indépendantes externes. » A confié l’Administrateur général du Forum pour la Gouvernance et les Droits de l’Homme au Congo (FGDH).
Ce qui traduit un besoin qui tardait à être satisfait. Nombreux sont ces jeunes qui s’intéressent à la protection des forêts mais trouvent ces questions complexes. D’où, la nécessité d’inclure ces notions dans les écoles et universités afin de leur permettre de poursuivre ce combat de la protection des forêts dans le futur. « Kinshasa est très vaste, tout comme la RDC. Il n’y a donc pas moyen de prendre toutes les écoles mais la requête est déjà au niveau du Secrétariat Général de l’éducation. C’est un processus. Dans les jours à venir, un cursus environnemental sera inclus dans le programme scolaire. » A déclaré la Coordonnatrice de Programme du Bassin du Congo au Pulitzer Center.
Des efforts que WRI compte également intensifier pour des meilleurs résultats. « Nous retenons qu’il y avait d’autres thèmes et points importants que nous n’avons pas pu aborder dans nos travaux, mais que nous traiterons certainement lors des prochaines sessions en vue de mieux coordonner nos actions visant à appuyer plus efficacement la protection de la foret, du climat en mettant l’homme au centre. » A déclaré Joëlle Nkosi, Représentante de Bora Masumbuko à la clôture de ces assises. Comme l’a si bien dit Henry Ford, nous citons : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. » Fin de citation.
Sarah MANGAZA