Suite à l’adoption par le conseil des ministres, de la sanctuarisation de la baie de Ngaliema, la ministre d’État, ministre de l’Environnement et Développement durable, Eve Bazaiba Masudi, a agi promptement. Lors de la célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement, ce 5 juin, elle a procédé à la matérialisation de ce projet. Cette mesure vise à préserver l’être humain, les écosystèmes et la biodiversité, tous menacés par des activités humaines, notamment les constructions illégales dans cet espace.
« Dans le contexte climatique actuel, où la protection des zones et écosystèmes fragiles est cruciale, le Ministère de l’Environnement et du Développement durable tient à rappeler à l’opinion nationale que la baie de Ngaliema fait partie des aires protégées de la RDC et doit bénéficier des critères et avantages qui y sont associés », a-t-elle souligné.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un partenariat public-privé entre la RDC et la société UTEXAFRICA. Elle a pour but de sauvegarder l’environnement et de contribuer à la réduction de l’impact des émissions de gaz à effet de serre à Kinshasa, à travers la plantation d’arbres et la restauration des espaces verts.
Sur cet espace d’au moins 15 hectares, des arbres endémiques et exotiques, dont le palmier Malebo, seront plantés pour restaurer les écosystèmes fragiles de cette zone humide spécifique. Selon les organisateurs, cette action favorisera le retour de la riche biodiversité perdue, la protection contre l’érosion côtière ou fluviale, ainsi que la purification des eaux polluées et drainées par les rivières Makelele et Gombe, qui se déversent dans le fleuve Congo.
« La sanctuarisation de la Baie de Ngaliema s’inscrit dans une optique de végétalisation des espaces en milieu urbain, une des actions les plus régulièrement mises en avant pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter, notamment pour lutter contre l’aggravation du phénomène d’îlots de chaleur urbains. Elle vise également à créer des parcs récréatifs écotouristiques pour améliorer l’environnement et le cadre de vie des habitants, tout en valorisant le patrimoine forestier national », a déclaré Eve Bazaiba.
En effet, depuis quelques années, des individus mal intentionnés, parfois avec la complicité d’autorités et de fonctionnaires civils et militaires, ont tenté de s’approprier les berges de la rivière Makelele et cette zone marécageuse. Leur but était de morceler, lotir et vendre ces terrains, au mépris des conséquences majeures de tels actes sur l’environnement et les populations en amont. Lors de cette célébration, le Ministre provincial de l’Environnement, Léon Mulumba, a annoncé le début de la démolition des constructions illégales sur la baie de Ngaliema pour ce samedi 7 juin.
Pour le PDG du groupe TEXAF, cette annonce du Ministre provincial vient soutenir les efforts déployés pour sauver cet espace de la prédation. « C’est un sentiment de satisfaction face à un travail de synergie entre les pouvoirs publics, avec une volonté réelle de redorer la baie de Ngaliema, l’un des derniers havres d’écosystèmes à préserver. C’est une victoire pour offrir un espace de respiration au fleuve Congo, mais aussi pour préserver des vies et éviter des dégâts humains en amont et sur les berges de la rivière Makelele », a indiqué Jean-Philippe Wasterschoot.
Il a également révélé que des efforts considérables avaient été faits pour développer une agriculture urbaine et des activités de maraîchage sur cette zone. « UTEXAFRICA a entrepris diverses démarches pour préserver ces lieux riches d’une biodiversité abondante, incluant notamment deux hippopotames. Malheureusement, ces efforts ont été anéantis par une tentative de spoliation de grande ampleur début 2022, basée sur des trafics d’influence, des intimidations et des décisions injustes, annulées ou suspendues depuis », a déploré Monsieur Wasterschoot.
Le PDG d’UTEXAFRICA a plaidé pour des actions urgentes afin de concrétiser cette sanctuarisation. Il s’agit notamment de l’émission d’un arrêté ministériel consacrant la sanctuarisation de la baie de Ngaliema, la réservant strictement à des activités de préservation de la biodiversité terrestre et aquatique. Il faut également prévoir le dragage du lit de la rivière Makelele pour lui permettre de reprendre rapidement son cours naturel, ainsi que la destruction sans délai des constructions essentiellement des murets de délimitation de parcelles érigées au milieu du lit de la rivière Makelele.
Il est important de rappeler que la société UTEXAFRICA est établie en RDC depuis 1925. A Kinshasa, ses installations s’étendent sur près de 50 hectares, bordées par la rivière Gombe, la rivière Makelele, le fleuve Congo et l’actuelle avenue Colonel Mondjiba. Côté fleuve, la concession UTEXAFRICA se prolonge par une zone marécageuse, comprise dans le lit majeur du fleuve Congo et inondée 3 à 4 mois par an.
Alfredo Prince NTUMBA
